La Russie a suspendu vendredi la licence d’opération de la compagnie aérienne low cost Red Wings, un mois après le crash d’un de ses Tupolev 204 à l’aéroport de Moscou qui avait fait cinq morts. La décision annoncée le 1er février 2013, valable aujourd’hui, est basée sur plusieurs enquêtes qui auraient révélé des violations des règles de sécurité, entre autres dans la maintenance ou la formation des pilotes, la compagnie privée n’ayant « pas pris les mesures nécessaires pour les corriger ». L’agence fédérale du transport aérien Rosaviatsia a en outre expliqué que Red Wings n’avait « pas les ressources financières pour continuer ses opérations », tout en soulignant selon le quotidien Moscow Times que cette décision n’était pas liée au crash du 29 décembre 2012, quand un Tu-204 arrivant vide de République Tchèque s’était écrasé à l’atterrissage, tuant cinq des huit membres d’équipage et faisant trois blessés graves. Le milliardaire Alexandre Lebedev, propriétaire de Red Wings, a dénoncé une suspension de licence « sans raison », laissant entendre qu’il s’agirait d’une manœuvre politique, les officiels préférant « suspendre Red Wings plutôt que le Tupolev ». Mais il a ajouté qu’il n’avait pas l’intention de reprendre les opérations avec les Tu-204 de sa flotte. En attendant, les passagers touchés par l’arrêt des opérations devraient être transférés sur des vols d’Aeroflot ou Transaero entre autres. Les enquêteurs ont pointé une défaillance de l’inverseur de poussée, mais continuent toujours leur enquête et ne veulent pas rendre de conclusions définitives sur les causes de l’accident avant un examen complet de l’avion, dans sa conception ou en phase opérationnelle. Red Wings opère onze Tupolev-204-100 de 210 places en une classe unique (et avait 44 TU-204SM en commande, ce qui en faisait le plus grand opérateur et la compagnie de lancement pour ce modèle plus économe), pour des vols réguliers ou charter entre la Russie, l’Europe (Bulgarie, République tchèque, Espagne), l’Egypte, le Maroc... Le TU-204 n’avait jamais connu d’accident mortel, mais en mars 2010, un atterrissage manqué de nuit par brouillard à l’aéroport de Moscou Domodedovo avait fait 8 blessés sérieux parmi l’équipage, les causses de l’accident ayant alors été attribuées à des erreurs humaines.