Le jugement du procès pour discrimination, intenté à la compagnie aérienne Air France par une militante pro-palestinienne débarquée d’un vol vers Tel Aviv au motif qu’elle n’était pas juive, a été reporté au début avril. La 14ème chambre correctionnelle du tribunal de Bobigny a décidé hier de reporter au 4 avril 2013 sa décision sur la plainte déposée par Horia Ankour, une étudiante-infirmière de 30 ans originaire de Carcassonne qui avait réservé le 15 avril 2012 avec d’autres militants de « Bienvenue en Palestine » un billet sur le vol AF4384 Nice – Tel Aviv de la compagnie nationale, afin de participer à l’inauguration d’une école à Bethléem. Se trouvant déjà sur son siège, elle avait été interrogée par une hôtesse qui voulait savoir si elle avait un passeport israélien, puis si elle était de confession juive. Ses réponses négatives avaient entrainé un débarquement d’office, expliquait Mme Ankour à l’époque des faits, ajoutant que sur les 29 militants présents, « 21 auraient été refoulés à l’aéroport de Nice à la demande des autorités israéliennes ».  Les autres avaient été arrêtés à leur arrivée à Tel Aviv, et expulsés trois jours plus tard. Lors de la comparution en citation directe d’Air France devant le tribunal en janvier, le procureur Abdelkrim Grini avait demandé sa condamnation pour « discrimination caractérisée » estimant que dès lors que la compagnie « s’arroge le droit de poser des questions sur la nationalité et de surcroît sur la religion, elle commet le délit de discrimination ». Réclamant une amende de 5000 euros et la condamnation aux dépens, il avait rejeté l’argument de la demande dictée par l’état israélien qu’elle était « parfaitement en droit de refuser ». L’avocat de la compagnie avait plaidé la « protection » de Horia Ankour afin qu’elle ne soit pas placée en rétention à son arrivée en Israël, son nom figurant sur une « liste noire » transmise par les autorités israéliennes à Air France, et nié toute volonté d’atteinte à sa dignité. Air France avait justifié sa décision en expliquant alors que comme toute compagnie aérienne et au nom de la Convention de Chicago, elle devait refuser l’embarquement de toute personne « déclarée inadmissible par le pays de destination ». Selon Mme Ankour, le pilote lui avait dit que s’il décollait quand même, il prenait le risque d’être interdit d’atterrissage à Tel Aviv. Rappelons que la compagnie de l’alliance SkyTeam n’avait pas été la seule impliquée dans l’affaire : sur les 1500 militants attendus à Bethléem, plusieurs centaines figuraient sur des « listes noires » envoyées par Israël aux compagnies aériennes. Lufthansa, Turkish Airlines, Austrian Airlines ou les low cost britanniques Jet2.com ou easyJet (pour celles connues), s’y étaient également soumises.