Le syndicat de pilotes SNPL France ALPA dénonce une Agence Européenne de la Sécurité Aérienne « gravement défaillante » dans l’affaire du crash du vol Air France AF447 Rio – Paris, mettant en cause son indépendance vis-à-vis des constructeurs et des compagnies aériennes. Dans un communiqué du 15 mai 2013, le Syndicat national des pilotes de ligne explique « s’interroger depuis le début de l’enquête judiciaire sur le rôle joué par l’AESA dans cette pénible affaire », qui avait causé la mort de 228 passagers et membres d’équipage au milieu de l’Océan Atlantique en juin 2009, et avoir eu enfin accès en tant que partie civile au témoignage du Directeur Exécutif de l’agence, qui d'août 2010 à avril 2013 s’était « accroché à son immunité européenne afin d’éviter d’avoir à témoigner ». Selon le SNPL France ALPA, on découvre dans sa déposition que « l’AESA a lourdement failli à son obligation de suivi de navigabilité des avions en considérant exclusivement les informations communiquées par les constructeurs, sans jamais les vérifier ou les remettre en cause ». C’est « de cette façon que les incidents antérieurs à l’accident de l’AF447 et précurseurs de celui-ci, causés par le givrage des sondes Pitot, ont été sous-estimés par le constructeur. Ils ont ainsi été passés sous silence, sans qu’à aucun moment l’Agence ne juge bon d’investiguer plus loin, alors que c’est bien là le cœur de sa mission ». Cette « incompréhensible inversion des prérogatives semble réduire l’AESA à une simple courroie de transmission de bien mauvaise qualité », poursuit le syndicat, qui « ajoute à ce constat accablant un rapport de la Cour des comptes de l’Union européenne fin 2012 mettant en cause la gestion déplorable des conflits d’intérêt au sein de l’AESA ». Rappelons qu’Air France et Airbus sont mis en examen, pour un procès dont la date reste inconnue ; le rapport final du Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA) dévoilé en juillet 2012 avait relevé une addition de facteurs techniques et humains pour expliquer le crash. L’attaque du syndicat s’explique quand il met cette « situation très inquiétante quant à la gestion institutionnelle de la sécurité aérienne en Europe » en perspective avec « l’élaboration des nouvelles FTL dans lesquelles la haute main des compagnies aériennes n’est plus à démontrer ». Ces règles en matière de temps de vol et de repos des équipages font d’ailleurs l’objet d’un autre texte du SNPL, dans lequel il cite les experts du Conseil européen pour la sécurité des transports (ETSC) qui « dénoncent les carences d’un texte trop complexe et ne prenant pas en compte de façon exhaustive les conclusions d’études scientifiques sur la fatigue », et  « encouragent vivement les parties prenantes à rectifier le tir avant l’adoption définitive des nouvelles FTL ». Le SNPL France ALPA, « représentant la majorité des pilotes de ligne français, se réjouit que ses arguments puissent être de nouveau relayés au plus haut niveau, portés par un organisme indépendant ». Car l’Europe « ne peut rester sourde plus longtemps aux appels répétés en faveur d’une réglementation privilégiant la sécurité aérienne, et non les seuls intérêts économiques des compagnies ».