La compagnie aérienne allemande a fait l’objet d’une plainte pour « atteinte aux droits de la personne », et plus précisément pour avoir élaboré via l’un de ses cadres, alors directeur d'escale de la branche française de la compagnie, des fichiers comportant des informations à caractère privé sur ses employés. Selon un syndicaliste à l’origine de la plainte et lui-même fiché comme un « rat gauchiste », ce fichage illégal fait partie de la « culture de surveillance au sein de l’entreprise. » La plainte déposée début novembre au parquet de Bobigny fait suite à la découverte « par hasard » d’un fichier d’une dizaine de pages, manuscrit et en allemand, comportant les noms d’une « cinquantaine de cadres et employés avec, en face des noms, une série de qualificatifs, parfois positifs mais le plus souvent négatifs », indique Olivier Villevieille, avocat des plaignants dans le journal Le Point. De quoi en effet tomber des nues à la lecture de ces jugements : "Manque de maturité", "maladie chronique : durée de vie limitée, a participé à la grève", "la léthargie en personne""Parfois, il est question de leurs activités syndicales, parfois de leur état de santé ou de leur famille", confirme l'avocat. "Pour un salarié, il est écrit qu'il est séropositif. Pour un autre, qu'il a un enfant handicapé. Pour une autre encore, qu'elle a un mari indien." Lufthansa a réagi en indiquant qu’il avait depuis pris connaissance de cette fameuse note, mais que le cadre avait été muté hors de France : « ce comportement est en complète contradiction avec les valeurs de Lufthansa et, pour cette raison, Lufthansa a immédiatement pris des mesures disciplinaires et a remplacé le manager responsable ». Mais  pour Franck Bonot, délégué syndical Unsa et secrétaire du comité d'entreprise de Lufthansa France, à l’origine de la plainte et lui même affublé du qualificatif peu glorifiant de « rat gauchiste », il n’y a pas eu sanction, et cela ressemblerait même plutôt à une « promotion » puisqu’il est désormais directeur d’escale Europe. En outre, il affirme que ce genre de surveillance illégal était « institué dans l’entreprise » du fait d’une mention, "transmission CDGSL" (à savoir l'escale de Roissy-Charles-de-Gaulle) inscrite en haut de cette fameuse note. « Ce fichage était institué dans l'entreprise, il se passait de dirigeant à dirigeant (…) Cela n'est pas un acte isolé. Cela résulte d'une culture de surveillance au sein de l'entreprise. »