La compagnie aérienne low cost easyJet s’en est pris au gestionnaire de l’aéroport de Londres – Gatwick lors d’une audition parlementaire hier sur la panne électrique du 24 décembre, l’accusant d’avoir sous-estimé les risques d’inondation et bloqué environ 3000 de ses passagers pour une douzaine d’heure. Un chaos ayant pris des « proportions bibliques » : c’est ainsi que la spécialiste britannique du vol pas cher a qualifié le résultat des actions du gestionnaire de l’aéroport londonien, dont elle est le premier client. Ou plutôt son inaction, concernant en particulier l’absence de personnel pour transporter en bus les passagers du Terminal Nord vers le Terminal Sud, non affecté et d’où pouvaient décoller ses Airbus. Selon le responsable d’easyJet à Gatwick Jason Holt, le gestionnaire de l’aéroport a admis à 13h00 le 24 décembre ne pas avoir assez de chauffeurs, plus de huit heures après avoir été prévenu du débordement prochain de la rivière Mole (l’inondation avait entrainé une panne de courant dans le terminal). EasyJet aurait annulé beaucoup plus de vols si elle avait été prévenue plus tôt, a-t-il expliqué, évitant ainsi à « 3000 passagers en détresse, y compris des enfants en bas âge » d’attendre jusqu’à 12 heures « dans des conditions du tiers-monde » avant de savoir qu’ils ne partiraient pas. Seuls quatre bus étaient disponibles pour transférer les passagers d’un terminal à l’autre, et 62 décollages et 59 atterrissages avaient finalement été annulés à Gatwick en cette veille de Noël. Les parlementaires de la commission des transports ont appris que la crise avait coûté 2 millions de livres sterling à easyJet, et entendu le responsable de Gatwick Steven Wingate (en vacances à Newcastle au moment de la crise) répéter ses excuses. La direction de l’aéroport a expliqué avoir préféré annuler le moins de vols possible pour permettre aux voyageurs de passer Noël en famille, mais reconnu que son plan pour en transférer un maximum vers le Terminal Sud avait échoué. Il a toutefois expliqué avoir été averti du possible débordement de la rivière 30 minutes avant le début de celui-ci, et rappelé que pareil incident ne s’était pas produit depuis 1967 – notant au passage que les annulations de vol sont de la responsabilité des compagnies aériennes. 20 millions de livres ont été dépensées depuis 2009 pour protéger le terminal sud des inondations, a affirmé M. Wingate qui se dit prêt à dépenser la même somme pour protéger le terminal nord. La panne du 24 décembre 2013, causée par le passage de la tempête Dirk sur une bonne partie de l’Europe du nord, avait provoqué des dizaines d’annulations de vol ou de retards à Gatwick, perturbant les plans de milliers de passagers. L’enjeu de l’audition d’hier est aussi de déterminer si les possibilités d’inondation à Gatwick remettent en cause sa campagne pour la construction d’une seconde piste – ce que M. Wingate nie farouchement.