La compagnie aérienne Lufthansa a demandé lundi à l’Europe de bloquer l’arrivée d’Etihad Airways dans le capital d’Alitalia, alors que ses propres pilotes s’apprêtent à voter sur le principe d’une grève. Ayant entrepris une restructuration douloureuse (3500 suppressions de postes au total) afin de résister à la pression des low cost sur le marché intérieur et régional et à celle des transporteurs du Golfe Persique sur les lignes intercontinentales, la compagnie nationale allemande voir cette alliance annoncé d’un très mauvais œil. Parlant de concurrence déloyale mais ne citant jamais Etihad Airways, elle déclare « refuser les subventions à répétitions tout comme et la renationalisation partielle des compagnies européennes, que ce soit par les Etats européens ou par des Etats ou des entreprises étatiques extérieurs à l'Union européenne ». Et souhaite donc que la Commission intervienne et mette fin à de telles pratiques, s’alignant de fait sur les critiques adressées par le groupe IAG (British Airways + Iberia) lors de la recapitalisation d’Alitalia  fin 2013. La réaction de Lufthansa a été provoquée par l’annonce qu’Etihad Airways se donnait un mois pour décider d’entrer ou non dans le capital de la compagnie nationale italienne. Or le transporteur des Emirats Arabes Unis est déjà présent dans Aer Lingus, Air Berlin, Darwin Airlines et bientôt Air Serbia (ainsi que chez Air Seychelles, Virgin Australia ou Jet Airways), et plus généralement fait aux côtés d’Emirates Airlines et Qatar Airways des dégâts dans les réseaux long-courriers des compagnies européennes. Des dégâts en partie responsables du plan de restructuration lancé par la compagnie de Star Alliance (à l’instar de celui d’Air France-KLM), qui prévoit plus de 3500 suppressions de postes et des mouvements de grogne chez ses employés. Dont les quelques 5400 pilotes qui viennent d’être appelés par le syndicat Vereinigung Cockpit à se prononcer sur un éventuel mouvement de grève, suite à des changements de la convention collective sur des questions de salaires et de retraites. Le résultat du vote est attendu le 21 mars, mais les négociations vont continuer – « chaque partie doit se rapprocher du point de vue de l’autre », a expliqué la direction de Lufthansa.