La pression se fait de plus en plus grande sur Airbus pour qu’il propose de nouveaux réacteurs sur les A380 et A330, et allonge la « durée de vie » des programmes. A quelques jours de l’ouverture du Salon de Singapour, les spéculations enflent sur une possible décision du constructeur européen de remotoriser deux de ses avions vedettes sur le long-courrier. L’Airbus A330 a été le premier cité, en particulier suite aux pressions de la low cost long-courrier AirAsia X, fervente supportrice d’un « A330neo » sur le modèle de l’A320, dont la version remotorisée connait un succès incontestable. Et ce malgré le fait qu’une version 242 tonnes soit déjà capable de prendre des parts de marché au Dreamliner de Boeing (surtout en termes de date de livraison, sa première étant mi-2015), et qu’il s’en soit vendu 534 ces cinq dernières années (principalement en version -300). Aviation Week citait la semaine des sources selon lesquelles Rolls Royce et General Electric seraient en « discussions avancées » avec Airbus sur le sujet, proposant des réacteurs de conception plus récente similaires à ceux équipant les Dreamliner La question de la remotorisation touche également l’Airbus A380, pourtant plus récent que son petit-frère mais qui pourrait bénéficier des avancées technologiques réalisées par les motoristes pour l’A350 ou le 777X. Le premier client du superjumbo, Emirates Airlines, est bien sûr celui qui réclame un « A380neo » le plus fort, son PDG Tim Clark déclarant qu’il était temps pour Airbus de faire une « injection de technologie » dans l’A380 similaire à celle des A320neo, 737 MAX ou 777X – ce dernier promettant vers 2021 des économies de carburant de 8 à 13% par siège par rapport à l’A380 actuel selon les configurations, d’après une étude de Leeham. Dans les deux cas, une remotorisation permettrait de prolonger la durée de vie des programmes. Mais les compagnies aériennes savent aussi qu’un autre problème se profile : les motoristes recherchent de plus en plus l’exclusivité pour un appareil donné, Rolls Royce l’ayant obtenu pour l’A350 et General Electric pour le 777X. Pas de compétition signifie généralement augmentation des prix et baisse de l’innovation, ce qui pourrait rendre nettement moins intéressants à long termes les gains de consommation promis par les nouveaux réacteurs. Airbus en tout cas refuse de dire si et quand il décidera de remotoriser les A330 et A380 – peut-être pour faire le buzz à Singapour ?