La compagnie aérienne Air France assurera ce jeudi 47% de son programme de vols, l’abandon du projet de low cost Transavia Europe ayant été annoncé trop tard hier pour avoir un impact sur la grève des pilotes. « La grève n'est pas terminée à Air France, hélas », déclarait hier matin le PDG de la compagnie Frédéric Gagey. Un constat qui se vérifie encore dans les aéroports ce 25 septembre 2014, onzième jour de grève des pilotes opposés au projet de filiale low cost paneuropéenne (avec jeudi un taux de pilotes grévistes estimé à 62% par la compagnie), mais qui exigent aussi un contrat unique pour tous les pilotes du groupe volant sur des avions de plus de cent places – incluant donc ceux de Transavia France. Le dirigeant d’Air France expliquait avoir « compris qu'il fallait réexpliquer ce projet (…), mais on maintient qu'il fallait ouvrir le dialogue sur ce sujet ». Air France a donc cédé du lest, et annoncé la poursuite du développement de Transavia France « dans des conditions économiques compétitives » afin de « favoriser une résolution rapide du conflit ». Le PDG du groupe Air France-KLM Alexandre de Juniac a déclaré dans un communiqué qu’avec ce retrait, « il n'y a désormais plus aucune raison de faire grève car plus aucune crainte de délocalisation ne peut subsister ». Pas encore de réponse de la part des deux principaux syndicats de pilotes SNPL France ALPA et SNAF, qui avaient déclenché la grève et étudiaient hier soir la nouvelle proposition. Avant cette annonce, le SNPL majoritaire écrivait souhaiter « une issue rapide à ce conflit », tout en exigeant qu’Alexandre de Juniac « abandonne le projet de Transavia Europe » (c’est chose faite), que « cesse la menace de dénonciation de l'accord de création de Transavia France » et que « les négociations concernant le développement de Transavia France puissent reprendre ». La direction d'Air France « doit revenir à la table des négociations, dans le respect du dialogue social », ajoutait le syndicat dont le préavis de grève court jusqu’au 30 septembre. Le SPAF minoritaire avait de son côté prolongé hier son préavis jusqu’au 28 septembre inclus, et publié une lettre ouverte à F. Gagey rappelant qu’en « demandant un contrat unique base Paris, les pilotes expriment fermement leur volonté de rester solidaires afin de faire face unis aux défis que l’entreprise doit et devra relever ». Alter, dont le préavis court jusqu’au 26, a de son côté déjà réagi : parlant de première étape à propos de l’abandon du projet Transavia Europe, il explique que les conditions d'une levée de grève « ne sont pas remplies. La volonté de la direction d'Air France perdure : imposer un dumping social au sein même groupe à l'aide de la Low Cost Transavia France. Elle voudrait voir, au sein même du Groupe, des contrats de travail différents d’une entité à l’autre. C’est inadmissible ». Le gouvernement a de son côté salué l’annonce de la direction, appelant les pilotes à cesser la grève : « si l'abandon ou le report du projet Transavia en Europe permet de trouver une solution de crise, c'est la bonne solution », avait déclaré dans la journée le Premier ministre Manuel Valls, estimant que le mouvement social mettait la compagnie en danger. Air France perd entre 15 et 20 millions d’euros par jour depuis le 15 septembre – et a envoyé plus de 2,6 millions de SMS aux passagers affectés – a désormais vécu sa grève la plus longue depuis 1998.