Les ministres des transports français et allemand ont appelé l’Union Européenne à lancer de nouvelles négociations sur les droits de trafic accordés aux pays du Golfe, dont ils accusent les compagnies aériennes de concurrence déloyale. Le communiqué publié le 13 mars 2015 par le ministère français du transport est sans ambiguïté : les compagnies européennes « perdent des parts de marché face aux compagnies du Golfe, en raison de leurs pratiques concurrentielles déloyales, notamment du fait des subventions et garanties publiques importantes dont elles bénéficient ». L’Europe doit donc mettre au point « une stratégie commune pour mettre un terme à ces pratiques », en particulier en contrôlant les « modes de fonctionnement » des Emirates Airlines, Etihad Airways et autres Qatar Airways avant de leur concéder tout nouveau droit de trafic. Et en renforçant le règlement sur « la protection contre les subventions et les pratiques tarifaires déloyales dans le transport aérien », adopté en 2004. Un avis soutenu par la commissaire européenne aux Transports Violeta Bulc, qui a déclaré : « je suis d'accord, ensemble nous sommes plus forts » tout en ajoutant que le Golfe ne doit pas être le seul visé, la Turquie et la Chine devant parmi d’autres faire l’objet d’une surveillance similaire. La guéguerre entre les trois grandes compagnies des Emirats Arabes Unis ou du Qatar et les occidentales, sur les platebandes desquelles elles marchent toujours plus, prend donc de l’ampleur : depuis le début mars, les Américaines ont accusé Emirates, Etihad et Qatar Airways d’avoir reçu 42 milliards de dollars d'aides gouvernementales directes ou indirectes en dix ans, Emirates Airlines ayant de son côté sorti une étude selon laquelle elle avait apporté à L’Europe en 2013 et 2014 l’équivalent de 10,2 milliards d'euros de PIB, soutenant plus de 126 000 emplois via la création de liaisons aériennes – et les commandes chez Airbus. Et comme dans toutes les batailles commerciales internationales, une seule partie est sûre de gagner : la mauvaise foi. Les perdants devraient être les passagers, comme à chaque fois que l’on trouve des excuses à la limitation de la concurrence – et certains aéroports de province hexagonaux désespérant de la suprématie parisienne…