L'Organisation de l'Aviation Civile Internationale (OACI) a pointé du doigt la sécurité des vols des compagnies aériennes thaïlandaises. Le Japon a été la première à réagir, suivi de la Corée du Sud et de la Chine, en interdisant les vols charter et l’ouverture de nouvelles routes par les compagnies thaïlandaises vers leur pays, ou l’augmentation de leurs fréquences sur les liaisons actuelles.

L’OACI s’est inquiétée la semaine dernière du niveau de sécurité des compagnies thaïlandaises, son responsable Anthony Philbin, déclarant qu’un rapport avait « révélé certains problèmes de sécurité, principalement sur les procédures de certification d’opérateurs aériens ». Anthony Philbin n'a pas fourni de détails plus précis sur le résultat de cet audit mené entre le 19 janvier 2015 et le 30 janvier 2015, citant des accords de confidentialité existant entre l'OACI et les nations membres.

Le Japon a réagi rapidement à ces « manquements préoccupants » au niveau sécuritaire, en interdisant les vols charter opérés par les compagnies thaïlandaises vers l’archipel ainsi que l’introduction par celles-ci, de toute nouvelle ligne ou d’augmenter leurs fréquence sur les lignes existantes.

Le coup est rude pour plusieurs compagnies low-cost thaïlandaises qui prévoyaient de s’envoler prochainement vers le Japon. NokScoot, co-entreprise entre Scoot, la filiale low cost long-courrier de Singapore Airlines et Nok Air, compagnie thaïlandaise, prévoyait de relier Bangkok à Tokyo. De même, Thai AirAsia X, la filiale thaïlandaise d’AirAsia X prévoyait de connecter en mai prochain les aéroports de Bangkok-Don Mueang et de Sapporo-New Chitose au Japon, sa troisième destination au Japon après Osaka. Thai Airways est aussi affectée avec l’impossibilité d’augmenter ses fréquences depuis ou vers le Japon pour la période du Songkran, le nouvel an bouddhique.

Prajin Juntong, ministre des Transports de Thaïlande et ancien chef de l'armée de l'air, avait confié il y a quelques jours, s’inquiéter que d'autres pays suivent l'exemple de Tokyo. A juste titre, puisque depuis, la Corée du Sud, puis la Chine ont emboîté le pas. Quant à la cité-Etat qu’est Singapour, elle impose aux compagnies aériennes thaïlandaises de rigoureuses inspections.

La menace est prise très au sérieux par les responsables de l’aviation thaïlandaise qui indiquent avoir fait des propositions et suggestions à l’OACI pour améliorer le niveau de sécurité. Le but est d’éviter que d’autres pays décident « par effet domino » d’imiter le Japon, la Corée du Sud ou la Chine.  « Ce n’est pas aller au-delà de l'imagination que de penser que la FAA et l'Union européenne prendront bientôt à leur tour des mesures, y compris une inscription désastreuse sur une liste noire »,  déclarait au Bangkok Post un vétéran d’une compagnie aérienne.

Des mésaventures similaires sont déjà arrivées à l’Indonésie en 2007 quand l’Union européenne a interdit de vol sur son territoire les 51 compagnies aériennes indonésiennes pour manquements sécuritaires. Entre 2010 et 2013, l’Union européenne et les Etats-Unis avaient aussi mis sur liste noire les compagnies aériennes des Philippines.