Selon un rapport par  François Grangier, un expert aéronautique agréé par la Cour d'appel de Pau, la compagnie Air Austral a, par quatre fois, mis en danger la vie de ses passagers.

Selon les conclusions d’un rapport par François Grangier, expert aéronautique mandaté par une juge d’instruction dans le cadre d’une plainte pour mise en danger de la vie d’autrui, Air Austral a, à plusieurs reprises, eu « une prise de risque majeure » dans ces décisions, et commis une «   erreur grave de nature à mettre en danger les passagers transportés ».

La première fois en février 2007 quand la compagnie a ordonné au commandant de bord de décoller malgré l’arrivée du cyclone Gamède. Cette affaire avait été l’objet d’une plainte en 2012 par David Rocher, alors co-pilote sur ce vol en B777-200ER,  pour mise en danger de la vie d’autrui (ce qui lui vaudra pas mal de soucis). « La décision de départ de la Réunion vers Paris a constitué une prise de risque majeure pour les passagers, l’équipage, les biens et les personnes survolées », indique le rapport.

En novembre 2010, un ATR 72 d’Air Austral effectue six vols avec un siège équipage hors service. Le commandant de bord  Ho-Phong refusera finalement de décoller, ce que raillera et dénoncera la direction dans les médias. « Le commandant Ho-Phong a parfaitement analysé la situation et très justement empêché l’aéronef de poursuivre ainsi son vol », stipule le rapport cinq ans après.

Un autre incident, en janvier 2011 concerne un vol Sydney-Nouméa, la capitale calédonienne étant menacée par un cyclone. La direction veut maintenir le vol malgré la météo. C’est finalement la fermeture de l’aéroport de Nouméa qui « a imposé la décision de demi-tour, ce qui a évité au commandant de bord  de se retrouver « au pied du mur » et de justifier sa décision auprès de sa hiérarchie… », commente le rapport.

François Grangier évoque aussi la remise en service d’un avion le 26 septembre 2011, pour un vol Réunion-Paris, sans davantage de précisions. Selon lui, cette décision « constitue une faute grave de nature à avoir mis en danger les passagers, l’équipage, les biens et les personnes survolés ».

Le rapport a été remis au juge d’instruction qui enquête sur la gouvernance d’Air Austral entre 2007 et 2011 et cherche à savoir si elle n’a pas influé par ces décisions à mettre en danger la vie des passagersRappelons aussi que la direction d’Air Austral a changé depuis ces événements, Gérard Ethève, l’ancien PDG et fondateur d’Air Austral, ayant passé la main à Marie-Joseph Malé.

Malgré tout, ce rapport tombe bien mal pour Air Austral alors qu’un de ses avions, un Boeing 737-800, parti de Saint-Denis de la Réunion vers Nosy Be à Madagascar, a fait demi-tour par deux fois jeudi dernier, en raison d’un problème de pressurisation. Les pilotes étaient d’abord revenus à leur point de départ. L’appareil réparé après une heure d’immobilisation au sol était reparti avant que les pilotes ne s’aperçoivent d’un nouveau problème de pressurisation, ce qui les a obligé à revenir se poser une seconde fois, 90 minutes après ce second départ, sur l’aéroport initial de Saint-Denis de la Réunion.

La compagnie Air Austral a confirmé le double incident indiquant que l'équipage aurait pu continuer son vol jusqu’à Madagascar, mais qu’une nouvelle stratégie avec une prise de risque zéro a depuis été introduite par la direction. Une valve défectueuse avait été remplacée lors de la première réparation, mais une seconde valve s’est révélée défectueuse entraînant les pilotes à un deuxième retour à la case départ. Le vol a été reporté à la journée suivante.