Air Antilles a été contrainte de suspendre l’ensemble de ses vols à la suite de la suspension temporaire de son certificat de transport aérien (CTA) par la Direction de la sécurité de l’aviation civile (DSAC), à effet depuis lundi 8 décembre à minuit.
La compagnie assure que la sécurité de ses opérations n’a jamais été compromise et promet une reprise « rapide et durable » une fois les exigences du régulateur satisfaites.
Un audit décisif de la DSAC
La décision de la DSAC fait suite à un audit conduit du 2 au 4 décembre 2025 au sein de la compagnie régionale basée à Saint-Martin. Selon Air Antilles, cet audit a mis en évidence « un certain nombre de vérifications documentaires et organisationnelles devant être finalisées dans des délais rapprochés », sans remettre « aucunement en cause la sécurité immédiate des vols ».
Dans un courrier adressé au personnel, l’administration a notifié une suspension immédiate du CTA, interdisant tout décollage à compter de minuit et clouant au sol la flotte d’ATR qui assure les liaisons entre la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Le président de la Collectivité de Saint-Martin, Louis Mussington, a évoqué à l’antenne de RCI « quelques anomalies au niveau des mesures de sécurité qui auraient dû être prises en amont », tout en disant espérer une interruption limitée dans le temps.
Dans son communiqué, la compagnie annonce qu’elle « ne sera pas en mesure d’assurer ses opérations à compter de demain, et ce pour une durée encore indéterminée ». Tous les vols sont annulés et les réservations en ligne sont suspendues, plongeant passagers et agences dans une nouvelle période d’incertitude après les turbulences déjà traversées par la marque ces dernières années.
Air Antilles assure toutefois mettre en œuvre « toutes les dispositions nécessaires pour accompagner ses passagers et proposer les solutions alternatives prévues par la réglementation ». Elle souligne que ses équipes sont « pleinement mobilisées pour rétablir la situation et permettre une reprise des opérations dans les meilleurs délais ». Les modalités concrètes de réacheminement, de remboursement ou de report restent à préciser au fil des prochains jours, au fur et à mesure de l’évaluation de la durée de la suspension.
Une compagnie en pleine recomposition
La direction explique inscrire cette suspension dans un contexte plus large de « processus d’évolution » engagé « depuis plusieurs semaines », visant à « renforcer la gouvernance, l’efficacité opérationnelle et la conformité réglementaire de la compagnie ». Elle dit vouloir se doter d’une direction « plus agile, plus robuste et résolument tournée vers la performance au service du territoire ».
Ce chantier intervient alors que la compagnie, relancée après la liquidation du groupe CAIRE en 2023, opère désormais sous la forme d’une société d’économie mixte locale (SEML) détenue à 60% par la Collectivité de Saint-Martin et à 40% par le groupe Edeis. Ces derniers mois, l’intersyndicale avait pourtant dénoncé une gouvernance « silencieuse » et « inexpérimentée », pointant des « annulations de vols en cascade », une « dégradation de la qualité de service » et une « situation critique » pour l’exploitation.
Une compagnie en sursis
Le 6 octobre 2025, le conseil territorial de Saint-Martin avait voté un nouvel appui financier de 3 millions d’euros à Air Antilles, présenté comme un « geste fort et décisif » pour consolider la compagnie et maintenir une offre de transport abordable et compétitive dans l’archipel. Cette injection porte à plus de 16 millions d’euros l’effort consenti par la Collectivité en deux ans pour maintenir la SEML à flot, après de vifs débats sur le coût pour les finances publiques et l’absence de visibilité durable. Cette décision intervenait quelques jours après le renouvellement de la licence d’exploitation de la compagnie (30 septembre) jusqu’à fin janvier 2026.
Désormais, l’arrêt brutal des vols, même provisoire, fait ressurgir le spectre d’une fragilisation durable de la continuité territoriale, déjà mise à mal par la faillite du précédent Air Antilles en 2023 et par les débats récurrents sur le coût du soutien public. La capacité de la compagnie à lever rapidement la suspension de son CTA, à répondre aux exigences de la DSAC et à restaurer la confiance des passagers sera déterminante pour l’avenir du pavillon inter-îles dans les Antilles françaises.

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