En cas d’échec dans les négociations avec les syndicats de personnel navigant dans le cadre du plan Perform 2020, la compagnie aérienne Air France devrait lancer fin septembre un « plan B » qui inclurait une réduction de la flotte et la suppression d’une quinzaine de lignes long-courriers. Selon des représentants syndicaux interrogés après le Comité d’entreprise de la compagnie nationale française le 29 juin 2015, un « plan d’attrition » sera mis en œuvre si les négociations avec les navigants sur les gains de productivité visés par Perform 2020 n’aboutissent pas. Les détails n’en seront connus qu’à la fin du mois de juillet, mais selon La Tribune ce plan B impliquerait la suppression par Air France et par KLM « d’une quinzaine de lignes long-courriers », impliquant une « réduction de voilure significative » - et des « suppressions massives d’emploi ». Le quotidien économique rappelle que cette stratégie avait été appliquée par British Airways il y a une quinzaine d’années ainsi que par d’autres compagnies aériennes (dont Air France en 1994, quand 20% des lignes avaient été supprimées). Air France a déjà donné le ton en annonçant la fin de sa liaison entre l’aéroport de Paris-CDG et Kuala Lumpur, et en évoquant le report de livraisons des Airbus A350 et Boeing 787 attendus par le groupe franco-néerlandais. Mais si le long-courrier est principalement visé par le plan B, la moitié des lignes étant déficitaires selon La Tribune (un chiffre qu’Air France veut réduire à 20%), le réseau moyen-courrier pourrait aussi être touché par les réductions supplémentaires de capacité ; Stavanger, Vérone et Vigo disparaitront déjà fin octobre du réseau Air France). Mais ce réseau construit autour d’un hub rend difficile la lecture de l’impact des suppressions de lignes sur les vols en correspondance. air-journal_equipage_air-franceSuppressions de lignes, réduction de la flotte : l’impact de ces décisions se fera forcément ressentir au niveau de l’emploi, avec des suppressions de postes qui pourraient être « massives ». Air France a démenti le chiffre avancé par Le Monde vendredi (3300 emplois), mais la possibilité qu’il soit plus élevé n’est pas à écarter selon La Tribune – selon les décisions qui seront prises sur la taille du réseau. Et les plans de départs volontaires (PDV) qui ont fonctionné jusque là dans Transform 2015 pourraient ne pas suffire, la perspective de licenciements secs ayant été évoquée lors du CE. Or les négociations avec les pilotes sont bloquées jusqu’au 3 juillet et la décision du Tribunal de Bobigny, tandis que celles avec les PNC devraient reprendre ce mardi – mais ne sont guère mieux engagées. Une source de La Tribune croit savoir qu’un millier d’emplois seront bel et bien supprimés chez KLM. Rappelons que le plan Perform 2020 prévoit d’ici fin 2017 une réduction des coûts de 650 millions d’euros ; un objectif déjà insuffisant, qui a poussé Air France à annoncer le 15 juin des économies supplémentaires de 80 millions d’euros – une somme qui serait aussi l’objectif du plan B selon les sources de La Tribune. La chute de la recette unitaire empêche la compagnie d’atteindre les résultats financiers escomptés, et l’oblige donc à multiplier les économies : si le groupe « n'est pas en mesure de baisser ses coûts unitaires, on retirera une grande partie de ce qui génère des pertes non pas pour échapper à la faillite, mais pour rester un leader du secteur et éviter un scenario à la Alitalia », explique une source interne citée par le quotidien.