La nouvelle association A4E (Airlines for Europe) regroupant les groupes Air France-KLM, IAG, Lufthansa et les compagnies aériennes low cost easyJet et Ryanair sera officiellement lancée aujourd’hui à Amsterdam, avec pour objectif de remplacer l’AEA et mener un lobbying plus efficace aprde la Commission européenne. Pour European for Fair Competition (E4FC) en revanche, les compagnies du Golfe et leurs subventions sont l’unique cible – avec entre autres le soutien des syndicats SNPL et UNAC. Les trois plus grands groupes aériens et les deux plus grandes low cost d’Europe se sont finalement trouvé un patron, Thomas Reynaert (un ancien de United Technologies) ; l’association A4E sera donc officiellement lancée ce 20 janvier 2016 à Amsterdam, et se veut un interlocuteur privilégié de la Commission européenne sur des sujets comme les taxes d’aéroport ou le développement du Ciel Unique. Et plus généralement peser sur la nouvelle stratégie pour l’aviation, présentée en décembre par la Commission européenne. La commissaire au transport Violeta Bulc expliquait alors qu’elle « préservera la compétitivité des entreprises européennes en leur offrant de nouvelles possibilités d’investissement et de nouveaux débouchés commerciaux, ce qui leur permettra de se développer de manière durable. Quant aux citoyens européens, ils bénéficieront aussi d’un choix plus étendu, de prix plus avantageux et des niveaux de sécurité et de sûreté les plus élevé ». Airlines for Europe va donc prendre le pas sur l’AEA (Association of European Airlines), nettement plus large mais qui s’était déchirée sur le sujet des subventions réelles ou fantasmées perçues par les compagnies du Golfe. Ce conflit avait d'ailleurs conduit le groupe IAG, qui regroupe British Airways, Iberia, Vueling et Aer Lingus, à quitter l’AEA jugée trop protectionniste et sensible aux arguments des groupes franco-néerlandais et allemand (IAG fait aussi partie de l’alliance Oneworld, comme Qatar Airways…). Alitalia, dont Etihad Airways est actionnaire, avait suivi le même chemin deux mois plus tard. Mais A4E ne devrait pas toucher à ce sujet : en début de semaine, le patron d’IAG Willie Walsh expliquait d’ailleurs ne pas vouloir « perdre de temps ou d’énergie à en parler ». A l’opposé donc de l’objectif clairement affiché par Europeans For Fair Competition (E4FC), qui fait de la lutte contre la concurrence des compagnies du Golfe son unique objectif. E4FC se présente comme une « coalition d’Européens – employés des compagnies aériennes, passagers, compagnies et beaucoup d’autres qui se battent pour sauver l’aviation européenne et les emplois qu’elle génère. Le but de cette coalition est de restaurer une concurrence équitable avec les Emirats Arabes Unis et le Qatar qui continuent de violer les accords aériens avec l’Europe ; ces deux nations du Moyen-Orient ont collectivement injecté plus de 39 milliards d’euros de subventions gouvernementales et de bénéfices déloyaux dans leurs compagnies publiques » (en l’occurrence Emirates Airlines, Etihad Airways et Qatar Airways). L’association ne précise pas qui sont ses membres, mais reprenant les chiffres de l’étude menée par les compagnies aériennes américaines, appelle « nos nations individuelles et les corps européens à imposer le respect des règles internationales de l’aviation et du commerce, à développer des défenses appropriées et effectives contre les violations des accords commerciaux, s’assurer que la compétition est équitable » et bien sûr à « mettre fin aux subventions des compagnies du Moyen Orient ». Impossible de trouver une liste de membres de cette nouvelle association sur son site (en anglais), mais son jeune compte Twitter est dominé par les commentaires de syndicats français ou néerlandais de l’aérien. Parmi eux, on notera celui du SNPL France ALPA qui « note avec satisfaction que de nombreuses autres organisations professionnelles de salariés de l’aérien européen ont annoncé à l’identique leur soutien à cette coalition. Certaines compagnies aériennes européennes seraient également susceptibles de la rejoindre ». Son président Erick Derivry précise qu’il est « temps que le public, les pouvoirs politiques français et les décideurs européens comprennent le pourquoi, le comment et les conditions de la croissance mirifique des compagnies du Golfe. Si les compagnies aériennes européennes et leurs salariés acceptent une concurrence bénéfique quand elle dope le marché, quand elle incite à l’amélioration du produit et quand elle participe à la baisse des prix, il faut que cette concurrence s’exerce sur un terrain de jeu où les règles sont équivalentes, justes et connues de tous. Les compagnies européennes peuvent mener la bataille de l’aérien contre des compagnies aériennes mais pas contre des Etats aux finances quasi illimitées ». Pour lui, « à l’occasion du mandat qui sera prochainement donné par les pays de l’Union à la Commission Européenne pour négocier les droits de trafic entre l’Europe et les pays du Golfe, il est fondamental que ces accords intègrent des clauses efficaces et fortes de concurrence loyale préservant des pratiques déloyales actuelles les compagnies européennes et les centaines de milliers d’emploi ». La CFDT Air France « soutient pleinement la coalition Europeans For Fair Competition, tout comme l’UNAC selon qui ces subventions « menacent les emplois européens du secteur aérien et plus globalement le rayonnement économique de notre continent ».