Le gouvernement préparerait pour 2017 une nouvelle taxe sur les billets d’avion au départ et à destination de l’aéroport de Paris Roissy-Charles de Gaulle, pour financer la construction de la ligne ferroviaire CDG Express qui reliera en 2023 la plateforme à la capitale. Une taxe proche d'un euro Selon le journal économique Les Echos, le gouvernement envisage dès l’année prochaine une « taxe d’un montant proche 1 euro » qui serait prélevées sur les billets au départ comme à l’arrivée de Roissy-CDG, et rapporterait chaque année entre 35 et 40 millions d’euros. Le journal précise que ni Aéroports de Paris (ADP), qui gère Roissy-CDG et Orly, ni SNCF Réseau n’ont souhaité faire de commentaire, le ministère des Finances ne confirmant pas ; seul le secrétariat d’Etat aux Transports a réagi, indiquant que « la piste du financement par une taxe affectée est toujours à l’étude », alors qu’une source des Echos affirme que la taxe est déjà « en cours de notification à Bruxelles ». Le but de cette mise en place rapide serait de convaincre les banques de financer le chantier, afin qu’il ne souffre d’aucun retard – surtout si les Jeux Olympiques 2024 sont attribués à Paris. En plus du ticket à 24 euros, l’idée d’une contribution des passagers au financement de la ligne CDG Express, qui reliera la Gare de l’Est à Roissy avec un budget approchant 1,7 milliard d’euros, avait été évoquée dès 2013. Rappelons que la ligne de 32 kilomètres devrait rejoindre l’actuelle ligne du RER B entre Aulnay et Mitry-Claye, puis irait directement vers la gare RER de Roissy-CDG, le tout en quinze à vingt minutes – avec un train toutes les 15 minutes entre 5 heures du matin et minuit. La construction à elle seule coûtera 1,4 milliard d’euros, le reste allant au matériel roulant. Aucune subvention publique ne doit être versée par l’Etat ou les collectivités locales au projet CDG Express, afin de ne pas donner l’apparence de financer le tourisme aux dépens de la réfection des lignes de banlieue. Un équilibre économique, demande la FNAM Les Echos rappellent que la FNAM (Fédération Nationale de l’Aviation Marchande) avait dès juillet prévenu que cette nouvelle taxe serait imposée « six ans avant l’entrée en service » de CDG Express, et coûterait chaque année 20 millions d’euros aux compagnies aériennes. La FNAM, qui représente 95% du secteur du transport aérien français, demande toujours que cette nouvelle taxe soit compensée par  « la baisse d’une autre taxe affectant les compagnies desservant CDG ». Le SCARA (Syndicat des Compagnies Aériennes Autonomes) conteste lui, carrément, le bien-fondé du projet. La FNAM a exprimé son souhait de garantir l’équilibre économique du projet CDG Express en recherchant « des sources de financement qui ne pénalisent pas les passagers de l’aérien », et d’associer les opérateurs aériens « et notamment Air France » au cahier des charges de l’opérateur de CDG Express : « les passagers aériens n’étant pas disposés à payer plus cher, cette taxe portera de fait sur les compagnies aériennes, sous forme de charges additionnelles, et sera en contradiction avec la recherche d’une meilleure compétitivité de la plate-forme. Elle serait également un mauvais signal sur le plan social au regard du soutien de l’état dans la défense de la compétitivité des compagnies nationales. En cas de dérive de planning et/ou de budget, on peut craindre que la seule variable d’ajustement repose sur le montant de la taxe passager ». Totalement inacceptable pour Air France Le PDG du groupe aérien Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, a qualifié de « totalement inacceptable » la décision d’imposer dès 2017 une taxe sur les billets d’avion pour financer le projet. Dans une lettre adressée au Premier ministre français le 25 aout 2016, le dirigeant du groupe explique qu’il est« inacceptable que la construction du CDG Express génère une charge supplémentaire pour Air France dès 2017 et jusqu’à sa mise en service », prévue en 2023. Jean-Marc Janaillac précise qu’Air France est favorable au projet, mais tout-à-fait « réticente » à l’idée de garantir via une taxe sur les billets d’avion « la rentabilité financière d’un projet porté par d’autres opérateurs ». Ce nouveau prélèvement « alourdirait encore plus les charges déjà élevées qui pèsent sur la compétitivité du transport aérien français », ajoute le dirigeant, selon qui « les personnels d’Air France et leurs représentants, ne comprendraient pas une telle décision, alors qu’ils ont le sentiment de consentir d’importants efforts depuis plusieurs années ». Dans un contexte social dont Manuel Valls doit « connaître la sensibilité », l’annonce d’une taxe supplémentaire de cette nature « mettrait en grave péril le travail que j’ai entrepris depuis moins de deux mois pour bâtir un projet stratégique crédible », conclut le PDG qui est en poste depuis le 4 juillet dernier. Air France estime qu’elle subirait un coût additionnel de 17 millions d’euros par an dès 2017. Egalement, le BAR (Board of Airlines Representatives) s'oppose à cette future taxe payée par les passagers : « Même si BAR France qui regroupe les dirigeants de 70 compagnies aériennes françaises et étrangères est favorable à la création de cette desserte attendue depuis trop longtemps nous ne pouvons que nous opposer à cette taxation supplémentaire qui nous apparaît comme injuste, antiéconomique et juridiquement discutable », estime son président, Jean-Pierre Sauvage. Un compromis possible dans l'intérêt du consommateur : supprimer la taxe Chirac sur les billets d'avion (4,51 € en classe Economique et 45,07 € en Affaires et Première pour financer l'aide humanitaire) et la remplacer par la taxe CDG Express ? Fabrice Dariot, patron l'agence de vols à bas prix Bourse-Des-Vols que nous avons interrogé à ce sujet déclare : « Ne pourrait-ce être l'occasion de supprimer la taxe Chirac ? Les Français, harassées d'impôts et taxes abracadabrantesques et idéologiques, préféreraient peut-être financer un équipement productif qui enrichit le pays... »