La compagnie aérienne low cost Ryanair a été exclue du portefeuille de sept fonds d’investissement scandinaves, qui lui reprochent sa politique sociale. L’éthique serait-elle de retour dans l’aviation ? Selon le Financial Times, les fonds danois ATP, PKA, Sam, Industriens Pension, PFA et Pension Danmark, ainsi que le fonds suédois Folksama, qui gèrent ensemble plus de 300 milliards d’euros, ont décidé de ne plus inclure dans leur portfolio la spécialiste irlandaise du vol pas cher. Ils estiment que les performances économiques de Ryanair sont remises en cause par sa politique sociale, comme les atteintes au droit du travail condamnées par exemple en France et au Danemark (l’Europe est moins claire sur le sujet), mais aussi par son comportement dans certains pays dont justement le Danemark (où elle avait fermé ses bases de Copenhague et Billund en 2015 suite à des menaces de « grève de sympathie »). Au Royaume Uni, Baillie Gifford et Hermes EOS ont laissé entendre qu’ils pourraient suivre le mouvement. L’image de la low cost serait également au cœur de leurs préoccupations, pour entre autres ses attaques constantes contre le droit de grève dans le contrôle aérien. La réaction de Ryanair ne s’est pas fait attendre : ces fonds d’investissement sont « idiots » et « mal informés », a déclaré le CEO Michael O’Leary, rappelant que la low cost n’avait fait face à aucune grève en 31 ans. « Nous sommes probablement la seule compagnie aérienne en Europe qui a une politique en matière de droit du travail en ligne avec les attentes des investisseurs », a-t-il souligné, « je ne pourrais pas me soucier moins que ça du désinvestissement ». Il est vrai que le dirigeant de Ryanair a pour lui l’opinion des voyageurs – 121,3 millions de passagers par an à fin avril, ce qui en fait la première compagnie européenne, et ça continue de monter – mais aussi des résultats financiers pas si mauvais que ça : en février, la low cost annonçait au troisième trimestre de l’année financière en cours (octobre – décembre 2016) un bénéfice net de 95 millions d'euros, en baisse de 8% par rapport à l’année précédente, sur un revenu en hausse de 1% à 1,345 milliards d’euros ; sa marge nette perdait un point de pourcentage à 7%. La low cost mettait ces résultats sur le compte de la dépréciation de la livre depuis le vote du Brexit, mais aussi des tarifs moyens en baisse de 17% à 33 euros. Ses prévisions de résultats pour l’année entière restaient inchangées, avec un bénéfice net entre 1,30 et 1,35 milliard d'euros.