Le président américain a lancé hier un plan de privatisation du contrôle aérien, qui passerait du contrôle de la FAA à celui d’une nouvelle entité aux contours plutôt vagues. Dans le communiqué du 5 juin 2017 émis par la Maison Blanche, Donald Trump explique qu’il propose « un nouveau fonctionnement pour la réforme du contrôle aérien au Congrès, rendant les vols plus rapides, plus sûrs et plus fiables », permettant de « suivre la cadence de changement accélérée dans l’industrie de l’aviation ». Sans surprise, il en rajoute sur les méfaits du contrôle aérien actuellement géré par l’Autorité fédérale de l’aviation : il est « ancien, ruiné, désuet, un système horrible qui ne fonctionne pas » malgré les « plus de 7 milliards de dollars dépensés par l’administration précédente pour essayer de mettre à jour ce système », avec pour résultat un « échec total ». Le plan transmis au Congrès par Donald Trump mentionne une « entité non gouvernementale » à but non lucratif mais pouvant « bénéficier de capitaux privés » - ce sont les compagnies aériennes qui le financeront. Il précise les critères qui devront être respectés – notamment la sécurité des vols, la sécurité nationale et la cyber-sécurité. Les quelque 30.000 contrôleurs aériens du pays, auxquels il rend hommage, seraient réaffectés dans la nouvelle structure. Donald Trump explique que les Etats-Unis ont « trop longtemps toléré des retards inacceptables dans les aéroports, de longs temps d’attentes sur le tarmac, et le ralentissement du commerce ». Supprimer le système où la FAA « est à la fois juge et partie » permettrait de moderniser le contrôle aérien, « réduire les retards », « réaliser des économies de carburant » et améliorer la sécurité, affirme-t-il. Sans surprise, le lobby des compagnies aériennes Airlines for America a approuvé le projet, expliquant qu’il « mettra hors-jeu le gouvernement » et permettra de « maintenir le leadership mondial » des Etats-Unis en matière aérienne. L’ancien Secrétaire au transport, James Burnley, a lui aussi émis une opinion favorable : « Les Etats-Unis continuent à prendre du retard par rapport à d'autres pays, comme le Canada qui a séparé le système des contraintes gouvernementales », a-t-il déclaré, ajoutant que la proposition du président « est la bonne solution pour le XXIe siècle ». Le syndicat américain des contrôleurs aériens NATCS (National Air Traffic Controllers Association, 20.000 membres) a déclaré supporter la volonté de la Maison Blanche de moderniser le système avec un financement « stable et prédictible », mais attendra d’avoir tous les détails avant de l’approuver. La branche sécurité aérienne (PASS) de l’AFL-CIO a de son côté contesté des changements inutiles alors que les progrès sont déjà visibles depuis le lancement du programme NextGen par la FAA : « casser le système pour établir un monopole peut non seulement ralentir les améliorations mais aussi compromettre la sécurité, en essayent de réparer un système qui marche ». Des représentants démocrates ont de leur côté évoqué les gigantesques pannes informatiques ayant touché plusieurs compagnies aériennes ces derniers mois, comme preuve qu’il n’est peut-être pas très sage de confier aux transporteurs la gestion du ciel. Le conflit d’intérêt reproché à la FAA ne semble pas gêner la Maison Blanche quand il s’applique aux compagnies aériennes : un sujet dénoncé par l’association de passagers FlyersRights, selon qui le projet revient à donner à ces compagnies « le droit quasiment sans limite » d’ajouter de nouvelles taxes à leur guise. La privatisation du contrôle aérien est la première pierre du projet de rénovation des infrastructures à mille milliards de dollars annoncé par Donald Trump, qui couvre aussi la modernisation des autoroutes, des voies ferrées et des routes maritimes aux Etats-Unis.