Dans son communiqué du 26 septembre, le SNPL France Alpa s’insurge contre les propos de Michaël O’Leary, dirigeant de la low cost Ryanair, qui a déclaré que « la fatigue des pilotes n’existe pas sur les vols moyen-courriers » et que « les pilotes (de Ryanair) volent un maximum de 18 heures par semaine ». Le contexte : Ryanair vient d’annuler quelque 2000 vols en raison d’une pénurie de pilotes. En fait, ses pilotes souffrent d’un fort arriéré de vacances et Ryanair a ainsi été  mandaté par l’Autorité de l’aviation irlandaise pour aligner les vacances du personnel sur l’année civile du 1er janvier, ce qui l'oblige à allouer le congé avant la fin de l’année. Les annulations surprise ont créé le mécontentement des passagers et… des actionnaires qui ont vu dévisser le cours de leurs actions. Si O’Leary a réussi à sauver sa tête lors de l’assemblée annuelle des actionnaires de Ryanair à Dublin, il fait feu de tout bois pour redresser la situation. Il a ainsi proposé à ses pilotes salariés une prime de 6 000 euros pour les copilotes et de 12 000 euros pour les pilotes en échange d’une suppression de jours de congés. Ce qu’ils ont refusé, car au contraire, ils réclament dans une lettre ultimatum envoyée à la direction des changements radicaux dans leurs conditions de travail. Fidèle à son (ancienne) image de trublion invétéré, O'Leary a affirmé à propos des pilotes : « C’est un job confortable. Comment peut-on être fatigué en volant 18 heures par semaine ? ». De même, l’effectif pilotes de la low cost souffre d’un gros turn over. Selon la Irish Air Line Pilots’ Association, au cours de la dernière année fiscale, 700 des 4200 pilotes de la compagnie Ryanair ont quitté l’entreprise. Et la low cost Norwegian aurait réussi à lui débaucher quelque 140 pilotes rien qu’en 2017 pour les intégrer dans son effectif. Face à ce constat, elle doit engager 600 pilotes dans les prochains mois (dont 125 dans « les deux prochaines semaines ».  « La fatigue des pilotes n’existe pas sur les vols moyen-courriers » et « les pilotes (de Ryanair) volent un maximum de 18 heures par semaine ». « C’est par ces deux affirmations que Michaël O’Leary, PDG de la compagnie, répond aux pilotes de Ryanair, balayant par ces quelques paroles le malaise contenu de longue date par les intéressés », commence la longue lettre du SNPL France Alpa, retranscrite dans sa totalité ci-dessous.
Volonté de détourner l’attention des passagers excédés par les annulations de vols en cascade à la dernière minute ? Volonté de reporter la faute de la mauvaise gestion des programmes de vols de la compagnie sur une catégorie de salariés en particulier ? Volonté de dissimuler les nombreux départs de navigants vers la concurrence ? Volonté de nier l’existence de récentes décisions de justice peu favorables à la compagnie ? Pour le SNPL France ALPA, comme pour l’ensemble des associations de pilotes de ligne en Europe, ces propos sont inacceptables. Outre le fait que le PDG de Ryanair nie publiquement l’existence d’un phénomène particulièrement présent parmi ses pilotes, à savoir une fatigue liée à des cadences de vols conséquentes, il vient surtout mettre à mal la sécurité des vols elle-même. Rappelons que l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale) encourage la rédaction par les pilotes de rapports sur la fatigue à des fins d’entretenir une véritable culture de sécurité chez les transporteurs. En traitant avec mépris des pilotes qui ont consenti de nombreux efforts pour permettre à la compagnie de poursuivre ses opérations malgré l’accroissement exponentiel de son réseau et de sa flotte, le PDG de Ryanair fait également fi de leurs aspirations à des changements profonds dans les méthodes de management de la compagnie. Rappelons que nombre d’entre eux ne sont pas directement employés par Ryanair mais opèrent sous la forme d’emplois atypiques, selon un statut d’auto-entrepreneur, via des structures intermédiaires ou en travail temporaire, offrant de facto une très grande flexibilité de main d’œuvre à leur employeur et ce, à moindre coût tout en précarisant les pilotes. Rappelons également que les organisations professionnelles sont absentes de la compagnie. Dans un tel contexte, le SNPL France ALPA n’est pas surpris de constater les nombreux départs de pilotes Ryanair vers des compagnies dont les pratiques et la gestion des ressources humaines s’avèrent moins discutables. Il se réjouit que ces difficultés, longtemps tues par les pilotes de Ryanair, régulièrement dénoncées par les associations européennes de navigants, soient enfin portées sur la place publique. Il encourage les pilotes de Ryanair à l’union pour faire entendre leurs voix et à faire dire le droit quels que soient la nature de leur lien juridique avec Ryanair et leur lieu habituel de prise de fonction. Christophe Tharot, président du SNPL France ALPA déclare : « Le mouvement de grogne des pilotes de Ryanair de ces derniers jours est inédit tant par son ampleur que par sa portée. Le SNPL France ALPA les soutient sans réserve. Parce que le modèle proposé par Ryanair est devenu intenable, nous devons à nos collègues de poursuivre notre travail aux côtés de nos partenaires européens pour permettre à tous les pilotes concernés d’obtenir les contrats et les conditions de travail les plus stables possibles ».