Après l’Italie, la compagnie aérienne low cost Ryanair fait face à un appel à la grève pour le 20 décembre d’une partie de ses pilotes basés en Irlande. En Allemagne, le syndicat VC fait monter la pression tout en promettant d’épargner la période autour de Noël, tandis que les rumeurs d’action se font plus fortes en Belgique. Après la grève de quatre heures annoncée pour vendredi par des pilotes italiens, la spécialiste irlandaise du vol pas cher fait face à une nouvelle menace dans son pays d’origine. Après un « vote secret » de ses membres, la branche IALPA du syndicat Impact a déposé un préavis de grève de 24 heures pour le mercredi 20 décembre 2017 dans les aéroports du pays. Le syndicat mènera le mouvement si Ryanair continue à ne pas reconnaitre l’EERC (European Employee Representative Council) ou l’IALPA comme représentant de ses pilotes, « y compris les membres d’IALPA », si elle lance des procédures ou actions disciplinaires contre des membres d’IALPA en raison du conflit actuel, ou si elle réduit les revenus ou dégrade les conditions d’emploi des pilotes se réclamant du syndicat ou de l’EERC. Le syndicat n’a pas précisé combien de pilotes avaient pris part au vote et se déclaraient donc prêts à faire grève. Rayanair explique dans son propre communiqué « se réjouir » de ce préavis, qui « prouve de manière concluante » que la menace de grève porte bien « sur la reconnaissance du syndicat des pilotes Aer Lingus IALPA », et non sur le salaire ou les conditions de travail de ses pilotes « qui peuvent gagner entre 150 000 € et 190 000 € à Dublin ». La low cost souligne que les pilotes irlandais travaillent sur un rythme 5on/4off et se sont vu proposer une augmentation de salaire de 20%, alors que chez Aer Lingus le syndicat ne recommande qu’une « augmentation de 3% ». Et s’étonne que l'IALPA menace de « perturber les voyages de Noël » alors que les chiffres du syndicat montrent qu’il a « le soutien de moins de 28% des 300 pilotes de Ryanair à Dublin », et que ceux basés à Belfast, Cork et Shannon ont déjà accepté une augmentation de salaire. Des perturbations son possibles mercredi prochain, mais la low cost « pense que cela se limitera en grande partie à un petit groupe de pilotes qui préparent leur démission et quitteront bientôt Ryanair, et se moquent de la colère qu'ils causent à leurs collègues ou clients ». Mais la compagnie irlandaise reprend aussi les menaces employées lors du préavis de grève en Italie : tous les pilotes basés dans l'aéroport de Dublin qui participeront à cette action collective « enfreindraient l'accord de base », et perdraient donc les avantages convenus découlant de négociations directes avec Ryanair, « y compris les plannings 5on/4off, certaines indemnités et opportunités de promotion » - en tout cas jusqu'à ce qu'ils choisissent de « revenir à la pratique établie depuis 25 ans de traiter directement avec Ryanair ». Elle conclue qu’un « syndicat de pilotes Aer Lingus » ne sera pas reconnu, peu importe le nombre et la durée des perturbations créées par « cette minuscule minorité de pilotes (gagnant entre 150 000 et 190 000 € par an) ». Mais la low cost fait également face à une pression grandissante en Allemagne, où le très puissant syndicat de pilotes Vereinigung Cockpit (VC) se dit prêt à faire grève « à tout instant » tant que Ryanair n’accepterait pas d’établir une convention collective. « Nous voulons des contrats avec Ryanair. Nous ne voyons pas d'autre moyen », a déclaré hier à Francfort le président de VC Ilja Schulz. Mais le syndicat a aussi précisé qu’aucun débrayage n'aura lieu entre le 23 décembre après-midi et le 26 décembre au soir, et que toute décision de faire grève sera précédée d’un préavis de 24 heures. « Nous ne reconnaitront pas et ne discuteront pas avec le syndicat VC des pilotes de Lufthansa », a sans surprise répondu Ryanair dans un communiqué, soulignant qu'elle n'avait pas encore reçu de préavis. Et en Belgique, Kurt Callaerts de CSC-Transcom a déclaré à Belga que les pilotes belges de Ryanair sont eux aussi « frustrés et prêts à passer à l'action ». Ils pourraient se joindre à un mouvement de grève « si celui-ci est large et bien coordonné à travers l'Europe », ajoute le syndicaliste, rappelant que « nos travailleurs doivent être couverts » Moins d’un tiers des 87 bases de Ryanair en Europe auraient à ce jour accepté les augmentations de salaires proposées. Préférant passer par son propre système de négociation (les ERC), la low cost refuse de négocier avec tout syndicat extérieur mais aussi avec le nouvel EERC pan-européen lancé par les pilotes.