Après cinq jours de grève depuis le mois de février, l’intersyndicale représentant tous les corps de métiers de la compagnie aérienne Air France débutent demain une série de trois arrêts de travail de 48 heures, les 10 et 11 avril, les 17 et 18 avril et les 23 et 24 avril. Sans le moindre signe d’une sortie de conflit sur leur revendication, une augmentation générale de 6% (et de 10,7% pour les pilotes).

Le PDG du groupe Air France-KLM et président de la compagnie nationale française l’a répété en fin de semaine dernière : « nous sommes allés au maximum de ce que nous pouvons faire » pour assurer « l’équilibre entre la reconnaissance du travail effectué et le nécessaire investissement pour affronter la concurrence ». Jean-Marc Janaillac a estimé sur RTL qu’il était impossible de « distribuer la moitié » du bénéfice opérationnel de 588 millions d’euros dégagé en 2017, alors que la masse salariale augmente déjà « de 4,5% en moyenne. Il n’y a pas beaucoup d’entreprise de cette taille soumise à une telle concurrence qui ait une telle progression. Aujourd’hui, avec la concurrence que nous avons, rajouter 6%, c’est compromettre les chances pour Air France de continuer à être la grande compagnie internationale qu’elle est ». Le PDG a rappelé que si les salaires étaient gelés depuis 2011, ce n’était pas le cas des rémunérations qui ont augmenté plus vite que l’inflation (promotions, glissement vieillissement technicité…) pour la grande majorité des salariés. Pour les autres, Air France a proposé un mécanisme d’ajustement salarial, rejeté par l’intersyndicale.

La compagnie de l’alliance SkyTeam fait désormais face à trois périodes de grève de deux jours, les mardi 10 et mercredi 11 avril, les mardi 17 et mercredi 18 avril, puis les lundi 23 et mardi 24 avril. Les prévisions de trafic pour demain seront publiées cet après-midi, la grève de samedi ayant déjà eu plus d’impact que les journées précédentes, avec 30% des vols annulés. Seuls les vols AF effectués par un avion Air France ou Joon sont concernés par ce mouvement, pas ceux de la filiale régionale HOP! ni ceux effectués en partage de codes par d’autres compagnies comme KLM ou Delta Air Lines. Les mesures commerciales habituelles sont en place, dont la possibilité de report sans frais, quel que soit le tarif. Pour les voyageurs en possession d’un billet Air France, émis jusqu’au 2 avril inclus pour un vol effectué avec un avion Air France ou Joon les 10 et 11 avril, vous pouvez reporter votre voyage jusqu’au 15 avril inclus. Si vous êtes en possession d’un billet Air France émis jusqu’au 5 avril inclus pour un vol effectué avec un avion Air France ou Joon les 17, 18, 23 ou 24 avril, vous pouvez reporter votre voyage du 15 au 30 avril 2018 inclus (AF recommande bien sûr d’éviter de reporter sur une autre date impactée par la grève). Un avoir valable un an sur les vols Air France, Joon, KLM ou HOP! sera remis si vous souhaitez reporter votre voyage au-delà du 15 avril 2018, changer de destination ou de ville de départ, ou annuler votre voyage ; cet avoir n’est pas remboursable.

L’intersyndicale regroupant trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF et Alter), deux syndicats d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC), et cinq de personnel au sol (CGT​, FO, SUD, CFTC et SNGAF), représentant au total 52,6% des voix du personnel, plus l’UNAC « reste déterminée à poursuivre le combat jusqu’à obtention d’une augmentation de 6% des grilles de salaires pour l’ensemble du personnel » (et 10,7% pour les pilotes). Rappelons que les augmentations pour 2018 décidées par Air France (mais approuvée par seulement deux syndicats, la CFE-CGC et la CFDT représentant 31,3% des voix du personnel) sont de 0,6% en avril puis 0,4% en octobre, plus une enveloppe de 1,4% permettant pour les employés au sol une série de primes et promotions. L’intéressement reversé aux 44.200 employés, après les bons résultats de 2017, représente en outre quelque 130 millions d’euros.