La grève menée dans la compagnie aérienne Air France depuis février par onze syndicats représentant l’ensemble des catégories du personnel est « un gâchis » selon le directeur général Franck Terner, qui suggère un référendum auprès des salariés. Le principe aurait déjà été rejeté par le premier syndicat de pilotes, le SNPL.

Alors que l’intersyndicale doit annoncer ce jeudi 19 avril 2018 si elle organise de nouvelles grèves, après les neuf déjà menées et celles prévues les 23 et 24 avril, « un gâchis après des années d’efforts », le directeur général de la compagnie nationale française a expliqué lors d’un entretien accordé à La Tribune que sa proposition d’accord, une augmentation générale de 2% en 2018 et de 5% les trois années suivantes (hors augmentations individuelles et GVT) est « équilibrée ». En particulier car elle protège la croissance annoncée d’Air France, qui « est bénéfique pour les salariés parce qu’elle permet de créer des emplois comme nous le faisons actuellement pour les pilotes ». Franck Terner dit avoir du respect pour les revendications des salariés, dont les attentes sont « plus ou moins relayées par l’intersyndicale », mais quand cette dernière « demande d’une certaine manière le remboursement des efforts, je suis obligé de dire que cela n’a pas de sens ». Il estime que la situation d’Air France « est meilleure parce que nous avons fait tous ces efforts », mais commencer l’année 2019 avec une augmentation des coûts de 200 millions d’euros « que représente la proposition des syndicats » n’est « pas raisonnable ». L’intersyndicale regroupant trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF et Alter), deux syndicats d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC), et cinq de personnel au sol (CGT​, FO, SUD, CFTC et SNGAF), représentant au total 52,6% des voix du personnel, plus l’UNAC, réclame aujourd’hui une augmentation générale de 5,1%, avec 4,7% supplémentaires pour les pilotes.

Ce projet d’accord sera-t-il accepté par l’intersyndicale ce jeudi ? Les premières réactions ont été négatives, le SNPL parlant par exemple de proposition « indécente », mais Franck Terner veut croire qu’elle est plutôt bien reçue par les salariés qu’il a rencontrés. Il suggère donc à l’intersyndicale de consulter les salariés, tout en déclarant ne pas envisager « à ce stade » l’organisation par la direction d’un référendum, comme cela sera légal à partir du 1er mai et au bout d’un mois. Cette consultation pourrait aussi être lancée par les deux syndicats signataires de l’accord d’augmentation des salaires pour 2018 déjà appliqué (+0,6% en avril et +0,4% en octobre, plus une enveloppe de 1,4% permettant pour les employés au sol une série de primes et promotions), la CFE-CGC et la CFDT qui représentent 31,3% des voix du personnel.

Selon des informations reçues par La Tribune, le conseil du SNPL Air France (majoritaire chez les pilotes) a refusé hier de lancer un référendum auprès de ses adhérents pilotes, choisissant un durcissement du conflit. « Le SNPL a vu que dans le dossier de la création de Joon, l’an dernier, que la direction avait été contrainte d’améliorer plusieurs fois l’accord présenté jusque-là comme à prendre ou à laisser », explique un pilote.

Les syndicats ont mené neuf jours de grève depuis le 22 février dernier, avec pour Air France un coût estimé à 25 millions d’euros par jour. Entre 25% et 30% des vols ont été annulés à chaque fois. Rappelons que le projet d’accord final est ouvert à la signature par les syndicats jusqu’à vendredi midi.

Grève Air France : la question du référendum 1 Air Journal