Suite à la démission de son PDG Jean-Marc Janaillac, ses propositions salariales pour Air France ayant été rejetées lors de la consultation de l’ensemble des employés de la compagnie aérienne, le groupe Air France-KLM annoncera mardi une direction de transition. Alors qu’aucun favori n’a émergé pour prendre la tête d’une entreprise affaiblie par une grève de 15 jours dans l’hexagone.

Le conseil d’administration du groupe franco-néerlandais annoncera mardi 15 mai 2018 en début d’après-midi sa « gouvernance de transition », lui donnant un répit dans la recherche d’un successeur au PDG sortant – recherche pour laquelle aucune date limite n’est fixée. Aucun favori ou même volontaire n’est sorti du lot parmi les noms évoqués depuis l’annonce de la démission de Jean-Marc Janaillac, qui avait accepté de rester à son poste jusqu’à demain (son contrat court jusqu’en mai 2019). Selon La Tribune, la solution passerait par un président non exécutif du groupe, au-dessus des directeurs généraux d’Air France et de KLM, Franck Terner, et Pieters Elbers, et du directeur financier du groupe Frédéric Gagey. Pour l’Etat français (14% du capital mais 23% des droits de vote), cette future direction devra être représentée par « quelqu’un qui connaisse bien le secteur aérien, qui donc puisse être à pied d’œuvre tout de suite ». Il faudra « le plus vite possible qu’une nouvelle direction se mette en place avec une feuille de route très claire », déclarait la semaine dernière le ministre de l’économie Bruno Le Maire, avec « le rétablissement du dialogue social comme priorité absolue, et en deuxième lieu le rétablissement de la compétitivité ».

Ce dialogue social doit être renouvelé, selon un collectif indépendant créé la semaine dernière par des salariés d’Air France pour qui « aucun des acteurs du dialogue social, que ce soit la Direction, les Responsables des Ressources Humaines, ou les Organisations Professionnelles ne semblent proposer d’issue positive aux conflits récurrents ». Vendredi dernier, la CFDT, premier syndicat du personnel au sol, appelait à « reconstruire l’avenir », estimant qu’on ne peut appeler victoire syndicale « les pertes pour ceux qui ont fait grève, les pertes pour l’entreprise, la perte de clientèle, le torpillage de notre intéressement 2019, la mise en danger de notre avenir à toutes et tous ». Elle dénonçait l’intersyndicale « avec à sa tête le SNPL, qui nous a amené dans le mur grâce à une communication mensongère et démagogique », et reprochait à la direction d’être « restée sourde aux problèmes liés aux conditions de travail, a trop tardé sur la présentation d’un projet clair et fédérateur, et n’a que trop négocié en catimini avec le SNPL ».

Les quinze jours de grève menés depuis février à Air France, par une intersyndicale représentant tous les corps de métiers, ont déjà fait replonger dans le rouge les résultats du premier trimestre (et ce sera pire au deuxième), le mince espoir créé par un taux de grévistes faible par rapport à l’ensemble des salariés ayant été douché par le vote négatif à la consultation. Son coût aurait désormais dépassé les 400 millions d’euros, auxquels il faudra ajouter une augmentation de la facture carburant estimée à 350 millions d’euros cette année.

Rappelons que l’intersyndicale, qui regroupe les trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF, Alter), deux syndicats d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC) et cinq de personnel au sol (CGT​, FO, SUD, CFTC et SNGAF), représentant au total 52,6% des voix du personnel, plus l’UNAC, n’a pas déposé de nouveau préavis de grève mais a demandé la reprise des négociations, ce que la direction a immédiatement refusé. Elle réclame une augmentation générale des salaires de 5,1% dès 2018 (plus 4,7% supplémentaires pour les pilotes), avec +3,8% au 1er avril (rattrapage d’inflation 2012-2017) et +1,3% en octobre (inflation prévisionnelle de 2018) .

En face, Air France a revu à la hausse l’augmentation qui n’avait été signée que par deux syndicats (CFDT et CFE-CGT représentant 31,3% des voix du personnel) : sa proposition d’accord de la direction, rejetée lors de la consultation de tous les employés, portait sur une augmentation générale de 2% en 2018, assortie d’un seuil minimum de 25 euros par mois, et une autre de 5% pour 2019, 2020 et 2021 (1,65% par an), assortie d’un seuil minimum de 40 euros par mois. Les salaires seraient selon la direction augmentés de 12,5% en moyenne sur la période (comprenant une augmentation générale de 7% pour toutes les catégories de personnel et les augmentations individuelles/GVT) ; mais ce « pacte de croissance » prévoit d’adapter l’augmentation dans le cas où le résultat d’exploitation d’Air France serait inférieur à 200 millions d’euros, et d’appliquer une clause de revoyure en cas d’inflation plus élevée ou de résultat négatif.

Air France-KLM : dernier jour avant la transition 1 Air Journal