La compagnie aérienne South African Express a été clouée au sol la semaine dernière pour violations des règles de sécurité des vols, et se retrouve maintenant face à des accusations de corruption.

La filiale régionale de South African Airways, basée à l’aéroport de Johannesburg-OR Tambo, a été interdite de vol le 254 mai 2018, les autorités d’Afrique du Sud lui retirant à la fois son certificat d’opérateur aérien (AOC) et les certificats de navigabilité de neuf de ses 21 avions – jugés inaptes au vol par des pilotes. L’aviation civile (SACAA) a résumé en une phrase le sort réservé à South African Express : elle « ne peut plus fonctionner comme une compagnie aérienne ». La décision a été prise suite à un audit sur son organisation et ses opérations de maintenance, qui a révélé 17 infractions dont cinq jugées « très graves pour la sûreté ou la sécurité des vols » mais pas détaillées ; son autorisation d’opérer dans la maintenance est également suspendue, a confirmé le ministre des entreprises publiques Pravin Gordhan. 

Un communiqué posté vendredi sur le site de South African Express explique que des efforts ont été entrepris pour replacer les passagers affectés sur d’autres vols, y compris ceux de sa maison-mère, de l’autre filiale la low cost Mango, ou d’Airlink. Dans un communiqué posté sur le site de la compagnie, le CEO par intérim Matsiedi Mokolo regrette les inconvénients causés à ses clients et assure que « tout est fait pour résoudre la situation le plus vite possible ». Le ministère avait déjà nommé une nouvelle direction à la tête de la compagnie aérienne, en prélude à sa fusion avec Mango (la seule compagnie rentable dans le pays) et avec la compagnie nationale sud-africaine.

Selon la directrice de la SACAA Poppy Khoza interrogée par EWN News, SA Express n’est pas prête de récupérer ces certificats : « il faudra reprendre le processus à zéro, comme avec une nouvelle compagnie aérienne ». La compagnie devra donc présenter une nouvelle demande d’AOC et un nouveau certificat pour la maintenance – sans oublier les neuf avions qui ne peuvent même pas être sous-loués à d’autres transporteurs. La flotte de South African Express, d’une moyenne d’âge de 15 ans, est composée de huit Bombardier CRJ100, deux CRJ700 et dix Dash-8 Q400.

Le Sunday Times a d’autre part affirmé hier que la compagnie était impliquée dans un scandale de corruption, deux dirigeants ayant signé un contrat de fourniture de carburant au près d’un promoteur de musique, sans appel d’offres et sans avertir le conseil d’administration (SA Express a déjà un contrat avec sa maison-mère) ; cela lui aurait rapporté près de 55 millions d’euros sur trois ans (il n’a jamais fourni le moindre carburant). Selon le ministre, cela fait plusieurs années que la compagnie est soupçonnée de signer des affaires pour le moins louches.

South African Airways a déjà reçu près de 1,4 milliard d’euros d’argent frais de la part du gouvernement, qui compte bien ne plus remettre la main à la poche (même s’il a accepté de faire face à une échéance de remboursement de dette) – préférant envisager d’en vendre une partie du capital. La semaine précédente, elle avait dévoilée une septième année consécutive de pertes.

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