Le Conseil d’administration du groupe aérien Air France-KLM se réunirait jeudi à Paris et pourrait entériner la nomination à sa tête de Benjamin Smith, actuel numéro 2 d’Air Canada.

D’après Libération du 14 aout 2018, la réunion du CA demain dans les bureaux d’Air France aux Invalides « et l’annonce qui devrait suivre » ont été décidées « de manière anticipée au regard du calendrier initialement prévu », et se passera en partie au téléphone en raison de l’absence de certains administrateurs. Elle permettrait également de couper court aux possibles fuites et torpillages,  comme au début juillet quand « un candidat retenu, mais révélé avant sa nomination officielle par ceux qui voulaient lui barrer la route, a finalement été éconduit ». Le quotidien évoque la nomination du « futur PDG d’Air France-KLM », pour succéder à Jean-Marc Janaillac qui avait démissionné en mai suite au rejet par les salariés de ses propositions d’augmentation des salaires. Ben Smith toucherait un salaire de 3,3 millions d’euros par an, « supérieur de 20% à ses revenus actuels » et trois fois plus élevé que celui de son prédécesseur – mais divisé en salaire fixe et part variable en fonction des résultats, plus « un dernier tiers versé au bout de trois ans ».

Le nom du directeur de l’exploitation chez Air Canada comme possible candidat avait été dévoilé la semaine dernière par Le Monde, pour le poste de directeur général du groupe de l’alliance SkyTeam avec un président non-exécutif à ses côtés. Employé depuis 2002 par la compagnie nationale canadienne, Benjamin Smith y est présenté comme assurant la responsabilité générale de l’ensemble des fonctions liées au service à la clientèle, aux affaires commerciales et à l’exploitation d’Air Canada dans le monde entier. Il est aussi responsable de la stratégie marketing et de son rendement opérationnel et financier. Le site d’Air Canada le décrit aussi comme « le visionnaire de l’expansion stratégique et diversifiée du réseau mondial à plus de 200 destinations sur six continents, avec un parc aérien comprenant plus de 350 appareils. Il est également l’architecte principal du développement complet de Toronto-Pearson en tant que plaque tournante mondiale d’Air Canada, en plus de Vancouver en tant que principale porte d’accès à la région Asie-Pacifique et de Montréal pour le marché français, (des aéroports) où le réseau mondial de la compagnie est intégré aux réseaux nationaux et américains ». La compagnie canadienne rappelle que c’est Ben Smith qui avait lancé la filiale loisirs Rouge, et surtout qu’il « a été le négociateur principal au cours des négociations collectives du transporteur avec les deux syndicats représentant les pilotes et les agents de bord, négociations qui ont mené à la conclusion d’accords historiques de dix ans ». Un point qui a son importance alors que le groupe est sous la menace d’une grève des pilotes de KLM, et d’une autre par le SNPL chez Air France où l’intersyndicale pourrait relancer à la rentrée un conflit ayant déjà entrainé 15 jours de grève au premier semestre.

On notera que Libération n’évoque pas la structure de la gouvernance du groupe si ce n’est pour dire qu’elle sera « renouvelée ». La possibilité de nommer un CEO étranger à la tête d’Air France-KLM, dont le patron a toujours été français, était actée depuis le mois dernier, et ce sous la pression des actionnaires Delta Air Lines et China Eastern Airlines – et avec l’accord des Néerlandais. Ce qui entrainera la suppression du poste de PDG à la tête du groupe. Rappelons que d’autres rumeurs ont circulé depuis le mois dernier, portant entre autres sur Marc Rochet (ex-Air Caraïbes, aujourd’hui à la tête de la low cost long-courrier French bee), Bruno Matheu (ex-Air France passé chez Etihad entre 2014 et 2017) mais aussi Nathalie Stuber (à la tête de Transavia France) ou Lionel Guérin (ex HOP!). En attendant la décision du Président Emmanuel Macron, dont le feu vert est incontournable.

Air France-KLM n’a pas réagi à l’article de Libération, et la réunion du CA de jeudi ne figure pas sur son agenda en ligne. En revanche le président du SNPL Air France Philippe Evain a déclaré sur les réseaux sociaux : « Le CA d’AFKLM joue tjrs la politique du pire: Attrition en 2016 avant la reprise, arrivée des 787 retardée, délocalisation vers la Hollande de 2 Md€ de CA, pas de mandat à AMC pour clore le conflit et là, il livrerait les clefs d’AF aux américains ? ».