Evénement rare dans le monde aéronautique, Air France se désolidarise de l’un de ses principaux avionneurs et le charge sans plus d’émotion dans l’affaire du crash Rio-Paris. Oui, écrit-elle dans un rapport adressé à la juge d’instruction qui mène l’enquête judiciaire, Airbus n’a pas tenu compte des multiples alertes à propos de la défaillance répétée des sondes Pitot, jugée comme facteur contributif à l’accident. Oui, écrit-elle, elle est restée « sans recommandations ni solutions pérennes palliant ce problème » les 10 mois précédant le crash du 1er juin 2009. Pas tout à fait exact rétorque Airbus. L’avionneur européen indique en effet qu’il a proposé le 24 novembre 2008 une solution de secours appelée BUSS. Une solution payante acceptée par Lufthansa sur ses A330 mais refusée par la compagnie française. D’autre part, la filiale d’EADS souligne  dans un mail, indique Libération, qu’Air France est « l’une des flottes  avec le plus de cas rapportés » d’incidents, façon de questionner sur l’état de la maintenance de la compagnie française. Il faut faire vite des deux côtés car les experts judicaires rendront leur rapport définitif sur le crash du vol AF447 le 31 décembre prochain. Alors qu’aucun des deux géants de l’aéronautique n’a encore été mis en examen, on peut prédire que la grande bataille aura bien lieu.