La Commission Européenne a proposé hier de geler pour un an l’application aux vols intercontinentaux de la « taxe carbone », le système d'échange de quotas d'émission de gaz à effet de serre (ETS) tant décrié par les compagnies aériennes comme par le constructeur Airbus. La proposition faite par la Commission le 12 novembre 2012 verrait l’application aux vols intercontinentaux de l’EST suspendue jusqu’à la prochaine assemblée générale de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), prévue à l’automne 2013. Argument fourni par la commissaire au climat Connie Hedegaard pour « arrêter les pendules » : « des signes d’un accord possible au niveau international », même si elle prévient qu’en cas d’échec on reviendrait à la situation actuelle. Ce gel ne s’appliquerait pas aux vols à l’intérieur de l’Europe. L’annonce est survenue après les pressions exercées depuis septembre dernier par la France, l’Allemagne, la Grande Bretagne et l’Espagne, pays accueillant les usines d’Airbus dont les carnets de commandes « seraient menacés » par l’ETS, en particulier en Chine. Cette dernière, comme les Etats-Unis, la Russie ou l’Inde, ont menacé de « représailles » le constructeur européen voire les compagnies aériennes du vieux continent si l’Europe continuait à appliquer unilatéralement sa « taxe carbone ». Airbus a d’ailleurs félicité la Commission, tout comme l’IATA – mais pas la low cost Ryanair, qui trouve insupportable le fait que la taxe carbone continuerait à s’appliquer pour les vols intra-européens, les transporteurs devant payer pour la « culpabilité mal placée des amoureux des arbres européens ». Rappelons que depuis le 1er janvier 2012, toutes les compagnies opérant dans l'Union européenne, quelle que soit leur nationalité, doivent acheter l'équivalent de 15% de leurs émissions de CO2, soit 32 millions de tonnes, pour lutter contre le réchauffement climatique. Un pourcentage qui sera progressivement relevé, et qui selon les adversaires de l’ETS « pourrait coûter 17,5 milliards d'euros à l'industrie » ces huit prochaines années (le premier paiement doit intervenir en 2013). La décision unilatérale de Bruxelles avait déclenché les foudres du reste du monde, pour qui ce genre de mesure doit venir d’un accord trouvé au sein de l’OACI – malgré l’échec flagrant de l’organisation qui affirme depuis des années être sur la voie d’une solution…