Le sauvetage in extremis de la compagnie aérienne Alitalia, grâce entre autres à une augmentation de capital de 300 millions d’euros, ne fait pas que des heureux : un syndicaliste estimant que l’actionnaire principal Air France – KLM n’est pas bon, le groupe IAG parlant d’un plan illégal et la Commission européenne rappelant qu’elle devra être informée avant toute mise en place. Si les incertitudes sur l’entrée de Poste Italiane dans le capital de la compagnie nationale italienne ou sur la position du groupe franco-néerlandais pourraient être levées ce 15 octobre 2013, après l’assemblée générale extraordinaire d’hier soir, le plan de restructuration annoncé vendredi a déclenché une pluie de critiques. De la part de Raffaele Bonanni d’abord, le patron du deuxième syndicat italien CISL déclarant ne « pas croire qu’Air France sera bon pour nous, dans la mesure où a compagnie veut son propre hub » et imposera snas doute des changements stratégiques durs à avaler. Il pense au contraire qu’Alitalia « irait à nouveau vers un défaut avec elle », et a besoin d’un autre partenaire international – projet difficile apparemment, Etihad Airways et Lufthansa ayant entre autres déjà refusé d’investir dans la compagnie italienne. Autre critique tout aussi peu surprenante, celle du groupe IAG né de la fusion de British Airways et Iberia : le plan de sauvetage d’Alitalia est une aide « manifestement illégale », « protectionniste » et « nuisant à la concurrence » car favorisant les compagnies en difficulté. IAG appelle donc la Commission européenne à « suspendre » cette aide d’état « à laquelle nous nous sommes toujours opposés ». La Commission justement a rappelé à Rome qu’elle devra être informée des mesures envisagées pour sauver Alitalia, afin de s’assurer qu’elles sont compatibles avec les règles de la concurrence. Le rôle éventuel de Poste Italiane, organisme public qui pourrait mettre la main à la poche à hauteur de 75 millions d’euros pour aider la compagnie privée, a déclenché des accusations de protectionnisme – aussitôt rejetées par le gouvernement italien, qui parle « d’exact opposé » puisqu’il s’agit d’accompagner Alitalia « vers l'intégration avec un partenaire étranger », mais souligne dans le même temps qu’il faut « permettre à l’entreprise de négocier avec Air France sans être en position de faiblesse »… Air France – KLM est resté plutôt discret sur sa participation ou non à l’augmentation de capital dont elle a accepté le principe vendredi dernier. Le groupe avait déjà parlé de « conditions strictes », qui incluraient un changement de dirigeants et de stratégie, et bien sûr des solutions pour gérer la dette d’Alitalia, qui dépasse 1,2 milliards d’euros. Des experts en déduisent que sa décision du groupe et celle des autres actionnaires pourrait être reportées de plusieurs semaines. En attendant, ayant échappé à la menace de panne sèche samedi, Alitalia continue à faire voler ses avions.