Le groupe aérien Air France – KLM a officiellement refusé de participer à la prochaine augmentation de capital d’Alitalia, pour qui le spectre de la faillite resurgit de plus belle. Dans un communiqué du 14 novembre 2013, le premier actionnaire de la compagnie nationale italienne « confirme son engagement à rester un partenaire loyal et sérieux d'Alitalia, dans la continuité du partenariat industriel actuellement en place. Le Groupe continuera de s'appuyer sur les excellents résultats d'Alitalia en termes de performance opérationnelle, de qualité de service et de contrôle des coûts. Ce partenariat, conclu en 2009 pour une durée de huit années, présente de nombreux atouts pour les deux entreprises ». Mais Air France-KLM ne souscrira pas à l'augmentation de capital, « même si le volet industriel du nouveau plan présenté hier par Alitalia va dans la bonne direction et reçoit le plein soutien d’Air France-KLM », car « les indispensables mesures de restructuration financières ne sont toujours pas réunies ». Air France-KLM « a l'intention, à l’issue de l'augmentation de capital, de convertir ses obligations convertibles. Cette opération permettra d'améliorer les fonds propres d'Alitalia tout en conservant des liens étroits au travers de la participation d'Air France-KLM au capital d’Alitalia ». Interrogé par Le Figaro hier, le PDG du groupe Alexandre de Juniac a expliqué ne pas avoir souscrit à l'augmentation de capital « parce qu'un plan de redressement c'est un plan global, avec un volet industriel et un volet financier. Ce dernier aspect est clé pour que l'entreprise finance sa restructuration, se désendette et soit en mesure d'assurer son développement. Or nous constatons que la partie financière n'est pas au rendez vous ». Répondant à certaines accusations venues de Rome (« absolument n'importe quoi »), il assure en outre qu’il « n’a jamais été question de nous servir d'Alitalia ni de la mettre sous tutelle », et n’avoir « jamais demandé de suppressions d'emplois ». « Nous aurions souhaité faire avec Alitalia ce que nous avons su construire avec KLM pour le bénéfice de chacune des compagnies ». Le PDG revient aussi sur les griefs envers la direction d’Alitalia, qui lui a « refusé le droit d’accéder à des informations détaillées comme tout investisseur », et n’a pas associé Air France-KLM à « l'élaboration, la construction et la mise en œuvre des plans » alors qu’elle est le seul actionnaire majeur à travailler dans l’aérien et à avoir mis en œuvre un plan de redressement dans ce domaine. Il rappelle avoir mis 325 millions d’euros dans Alitalia (dont il détient encore 25% du capital, avant l’augmentation qui devrait être annoncée en fin de mois), mais « il n’en reste rien » après la dépréciation de la totalité des actifs. Même si le groupe a décidé de convertir son prêt d'actionnaire, « qui nous permet de maintenir un niveau de participation important » et de rester un partenaire stratégique d'Alitalia. Quant à un éventuel retour, « il n’est pas à l’ordre du jour » tant que le problème de la dette n’aura pas été réglé (il suggère des sacrifices des créanciers, notamment des banques), même si « le management mène un plan industriel courageux et les pouvoirs publics ont été très engagés et très professionnels ». Le ministre des transports italien Maurizio Lupi a pris acte « de la renonciation d'Air France à souscrire l'augmentation de capital d'Alitalia », tout en appréciant « la volonté française de poursuivre la collaboration avec la compagnie italienne ». La recherche d’un « autre partenaire international » va donc se poursuivre. Selon Les Echos, le « non » renforce la probabilité d’un dépôt de bilan d’Alitalia dans les prochains mois, certains observateurs « soupçonnant même le groupe franco-néerlandais de jouer la faillite pour remettre les compteurs à zéro ». Le quotidien rappelle d’ailleurs que KLM, condamnée en 2002 à payer une amende de 150 millions d’euros à Alitalia à la suite d’une rupture unilatérale de leur alliance, n’est pas épargnée par les soupçons dans la presse italienne.