Le NTSB a déclaré hier que le crash d’Asiana Airlines à San Francisco en juillet 2013 était dû principalement à une erreur des pilotes mais aussi à leur incompréhension des systèmes automatisés. Le Boeing 777-200ER de la compagnie privée de Corée du Sud, parti de Seoul avec 291 passagers et 16 membres d’équipage, s’était écrasé le 6 juillet 2013 à l’atterrissage à l’aéroport de San Francisco, trois passagères chinoises trouvant la mort et 182 personnes étant blessées. Le National Transportation Safety Board (NTSB) a rappelé lors d’une réunion le 25 juin 2014 que l’avion s’était présenté trop lentement et trop bas, sa queue heurtant une digue en bout de piste et provoquant l’écrasement. Sans jamais explicitement accuser qui ou quoi que ce soit, son président par intérim Christopher Hart a expliqué que ces erreurs avaient été commises parce que les pilotes « étaient trop dépendants de systèmes automatisés qu’ils ne comprenaient pas ». Avec à la clé une mise en garde contre les dangers inhérents à ces automatismes, qui « rendent l’aviation plus sûre et plus efficace » mais dont la complexité croissante rend de plus en plus difficile la certitude qu’ils sont « correctement compris par les pilotes ». La fatigue des pilotes semble également avoir joué un rôle pour le NTSB, tout comme l’autothrottle du Boeing entre autres facteurs. Déjà en décembre dernier, le NTSB citait le pilote d’Asiana Airlines Lee Kang-kuk, qui avait décrit la phase d’atterrissage en manuel comme « particulièrement stressante », et expliqué qu’il avait eu des difficultés visuelles lors de l’approche de l’aéroport californien (ILS en partie offline, le système de guidage glideslope de SFO étant en réparation), alors qu’il y atterrissait pour la première fois en 777 (et pour la première fois depuis 2004). Toujours selon les enquêteurs, les deux pilotes se sont aperçus de la vitesse trop basse, mais le commandant de bord a déclaré ne pas être sûr du maintien de la vitesse par les systèmes automatiques de l’avion (l’autothrottle était en fait en hold après le passage en manuel), tandis que le copilote pensait qu’il « pouvait ne pas avoir été enclenché ». Asiana Airlines a déclaré être d’accord avec le NTSB sur les multiples facteurs à considérer dans l’accident, en particulier la complexité des automatismes du Triple 7 « dont le pilote automatique et l’autothrottle, que le NTSB considère comme insuffisamment décrits dans les manuels d’entrainement et opérationnels de Boeing ». Elle n’a pourtant pas été épargnée par les enquêteurs : leur chef Bill English estime qu’elle insistait trop sur l’utilisation des automatismes par ses pilotes – alors que « les compétences d'un pilote se dégradent quand elles ne sont pas utilisées ». Boeing a exprimé par voie de communiqué son « désaccord respectueux » avec les déclarations du NTSB, l’implication du système de vol automatisé dans l’accident « n’étant pas étayée par des preuves ». Avant de préciser que ces systèmes ont été utilisés sans problème « pendant plus de 200 millions d’heures de vol par plusieurs de ses avions, et pour plus de 55 millions d’atterrissage en toute sécurité ». Revoir la vidéo du crash ici.