La possibilité de mettre fin au programme A380 a été pour la première fois évoquée par un responsable d’Airbus, les autres options sur la table à l’horison 2018 étant d’en proposer une version remotorisée, ou de le rendre plus attirant pour les compagnies aériennes. Alors que la journée du 10 décembre 2014 a été dominée par l’annonce surprise du report sine die de la livraison du tout premier A350 à la compagnie de lancement Qatar Airways, les déclarations à Londres du directeur financier d’Airbus Harald Wilhelm ont une tout autre portée stratégique. La rentabilité de l’A380 serait assurée pour les trois années à venir mais plus en 2018, a-t-il déclaré, et les scénarios incluent désormais une idée jamais avouée jusque là : abandonner purement et simplement le programme, qui a à ce jour accumulé 318 commandes alors qu’à son lancement en 2000 Airbus tablait sur 1200 ventes (le Japon et la Chine en particulier n’ont pas été franchement séduits). Le relatif échec actuel des très gros porteurs quadriréacteurs est d’ailleurs tout aussi visible chez Boeing, dont le 747-8i n’a toujours pas dépassé les cent commandes. Rappelons que l’A380 est entré en service en 2007. Le PDG du groupe Tom Enders a de nouveau admis hier qu’Airbus sera « confronté à une décision à court, moyen terme » sur l'avenir de l'A380, « sur la base d'aspects purement économiques, la priorité restant d'améliorer la dynamique commerciale » du superjumbo. L’année 2014 pourrait en effet être la première à se terminer sans la moindre commande d’une compagnie aérienne, aucun des 20 exemplaires achetés par la société de leasing Amadeo n’ayant officiellement trouvé preneur. Et les six A380 de la low cost japonaise Skymark (dont deux presque prêts) ont été annulés pour cause de difficultés financières, un exemple qui pourrait être suivi par Air Austral, Virgin Atlantic ou Hong Kong Airlines (Air France devrait remplacer les deux derniers commandés par des avions plus petits). Le vice-président d’Airbus Chris Buckley a d’ailleurs reconnu une erreur de marketing, en laissant les clients customiser entièrement l’aménagement intérieur de l’A380 plutôt que d’insister sur les capacités – une route désormais empruntée par l’avionneur. aj_emirates a380 2Emirates Airlines, qui a commandé 140 superjumbos, pousse depuis des mois Airbus à proposer une version A380neo, une remotorisation qui rendrait le superjumbo encore plus économique alors qu’il est déjà « un générateur de cash » selon le PDG Tim Clark : « j’ouvre les portes et les gens viennent », déclarait-il hier. Le problème pour Airbus est le coût de l’opération, estimé à 2 milliards d’euros, et les quatre ans pour la réaliser selonr un analyste cité par le Seattle Times. La compagnie a par ailleurs annoncé hier à Dubaï qu’elle allait supprimer la Première classe sur certains des superjumbos, ne conservant que les classes Affaires et Economie pour certaines routes. Selon Gulf News qui a interviewé Sheikh Majid Al Mualla, vice-président opérations commerciales d’Emirates Airlines, une des destinations concernées pourrait être Mumbai, le seul aéroport indien qu’elle dessert en A380. Ce réaménagement devrait débuter fin 2015. En revanche, un nouveau concept de « chambre à coucher » de Première sera dévoilé « très vite », sans nul doute pour répondre à la Résidence présente dans les A380 de la rivale Etihad Airways (qui doit recevoir son premier A380 d’ici la fin de l’année). Aucun détail n’est à ce jour disponible.