La Tunisie et l’Algérie ont signé un accord permettant de passer à 42 vols par semaine entre les deux pays. Quant à la compagnie aérienne Syphax Airlines, elle a été suspendue par l’IATA du système BSP en raison de factures impayées. Signé le 28 juillet 2015 par le directeur de l’Office de l’Aviation Civile et des Aéroports (OACA) tunisien Habib Mekki et son homologue algérien Youssef Sammain, le « mémorandum d’entente » devrait permettre de tripler le nombre de passagers voyageant entre les deux pays voisins, alors qu’ils n’étaient que 188 000 l’année dernière. Les compagnies aériennes Tunisair, Nouvelair et Syphax Airlines pourront desservir les aéroports d’Alger, Bejaïa, Constantine, El Wadi, Ghardaia, Oran et Tamanrasset. Dans l’autre sens, Air Algérie opèrera vers Djerba-Zarzis, Tozeur-Nefta et Sfax-Thyna (plus deux autres destinations non encore spécifiées). Selon le directeur de l’OACA cité par Babnet, cet accord va également permettre « d’entamer des négociations concernant les avoirs de Tunisair, d'une valeur de 8 millions d'euros, bloqués en Algérie », un problème auquel vient d’être confronté Aigle Azur. Air Algérie devrait en outre signer prochainement un accord de développement des échanges commerciaux avec Tunisair, a précisé la PDG de cette dernière Sarra Rejab. La nouvelle tombe alors que la Tunisie a enregistré le mois dernier une chute du trafic passager de -32,1% en juin à 817 000, et de -25,1% sur les trois derniers mois à 3,768 millions de passagers. Une conséquence logique des attentats terroristes contre le musée du Bardo puis les hôtels de Sousse air-journal_syphax_a319Pas de quoi rassurer Syphax Airlines, en difficulté financière. Selon l’agence TAP, l’IATA vient de signifier à la compagnie privée tunisienne la suspension du BSP (Billing and Settlement Plan), qui permet les transactions financières entre tous les acteurs du transport aérien comme les agences de voyage par exemple. Raison donnée : Syphax Airlines « n’aurait pas respecté ses engagements financiers ». Selon l’agence officielle TAP, l’IATA qui « régule les paiements et les facturations de près de 400 compagnies aériennes à travers le monde » a demandé aux opérateurs agréés auprès d’elle d’arrêter la billetterie et les transactions financières avec la compagnie privée. La réservation de billets d’avion et les opérations ne sont pas affectées – mais toute vente doit se faire en direct avec la compagnie. Interrogé par TourMag, le directeur France de Syphax Airlines plaide « la vieille facture égarée » et promet un retour « au plus vite » dans le BSP. Avant de rappeler que la compagnie a été « forcée d’affréter des avions chez Tunisair » pour répondre à la demande, en particulier du trafic affinitaire. Elle avait aussi, le 10 juillet dernier, loué un de ses deux Airbus A319 avec équipage à Royal Air Maroc. La situation de Syphax Airlines reste difficile : son fondateur Mohamed Frikha l’a quittée pour entrer en politique, elle a été obligée de résilier le contrat de leasing de son unique Airbus A330-200, l’OACA lui a retiré lui a retiré définitivement la licence d’exploitation de la ligne directe entre l’aéroport de Sfax et Djeddah (et menace d’autres routes), et sa cotation à la Bourse tunisienne a été suspendue : elle n’avait pas publié ses états financiers depuis juin 2014, ni communiqué de statistiques sur le nombre de passagers ou de vols, le tout sur fond de rumeurs de factures impayées et de pertes colossales (le cours de son action ayant perdu en un an plus de 50% de sa valeur). Sans parler des bisbilles permanentes avec sa rivale Tunisair ou avec les employés des aéroports… Rappelons que Syphax Airlines propose cet été des vols entre Paris-Charles de Gaulle et Tunis, Sfax et Djerba ; le retour annoncé vers Montréal, a priori en partage de codes, n’est toujours pas confirmé.