Airbus va revaloriser les salaires de la division avion de 2,8%, mais ne remet pas en cause les suppressions d’emplois. L’avionneur s’attend désormais pour les vingt prochaines années à une demande de près de 35.000 avions de plus de 100 places, pour un montant évalué à 5300 milliards de dollars. Les hausses de salaires consenties en 2017 par l’avionneur européen sont selon les Echos de 2,8% dans la branche avion et de 2,5% dans le secteur Défense et Espace, alors qu’à l’ouverture des négociations avec les syndicats il ne proposait « que » 2%. « Nous avons voulu prendre en compte les efforts réalisés par nos salariés avec 688 appareils livrés l'an dernier », a expliqué au site économique Marc Jouenne, directeur des ressources humaines d'Airbus en France. Cette hausse « est supérieure à celle de 2016 et 2015 (2,6%) et se situe au-dessus de la moyenne de 2,2 à 2,3% accordée par les entreprises du Gifas », a précisé le dirigeant. Les salariés ont aussi obtenu en mai une prime d'intéressement de 2200 euros en moyenne. Jean-François Knepper, délégué central FO, se dit très satisfait mais relativise : les niveaux d'inflation « expliquent aussi les différences d'augmentation des salaires d'une année à l'autre » selon lui, rappelant qu'elles avaient atteint 3,4% par an de 2012 à 2014. En revanche Airbus a maintenu la suppression de 1164 postes en Europe, dont 546 en France, comme annoncé en novembre dernier dans le cadre du plan Gemini, qui doit lui permettre d’économiser 310 millions d’euros. La fermeture dans un an du site de Suresnes n’est pas remise en cause, avec 184 employés transférés vers Toulouse et 166 départs. La CFTC annonce toutefois dans Les Echos avoir obtenu « 80 recrutements dans la recherche et l'informatique, sur des nouvelles compétences comme la cyber-sécurité et la digitalisation ». Les salariés devront exprimer leurs désirs (mobilité, retraite, reclassement…) entre le 1er juillet et le 30 juin 2018. A priori, aucun licenciement sec n’est prévu. Les 1164 postes qui seront supprimés (sur les 136.000 actuels dont 54.000 en France) concernent principalement les fonctions administratives comme la finance, la communication ou les ressources humaines, mais aussi dans la recherche et développement (R&D). Côté avions, Airbus a publié lundi de nouvelles prévisions de marché à vingt ans : la flotte mondiale d'avions de plus de 100 sièges devrait doubler, le trafic devant augmenter de 4,4% par an sur la période 2017-2036. Au cours de cette période, « un nombre croissant de nouveaux passagers, la hausse du revenu disponible consacré aux voyages aériens, l'expansion du tourisme, la libéralisation de l'industrie, les nouveaux itinéraires et l'évolution des modèles d'entreprises aériennes » seront selon l’avionneur à l'origine d'un besoin de 34.170 avions passagers et 730 avions cargo, pour un montant total estimé à 5300 milliards de dollars. Plus de 70% des nouvelles unités seront des monocouloirs, dont 60% destinés à répondre à la croissance et 40% au remplacement d’appareils consommant plus. Dans ce segment représenté par la famille A320neo, Airbus prévoit une demande de quelque 24.810 appareils d'une valeur de 2400 milliards de dollars. Les compagnies aériennes ajoutant de la capacité via l’A321 « trouveront encore plus d'opportunités commerciales avec l'A321neo » grâce à sa portée allant jusqu'à 4000 nm et une « efficacité en carburant imbattable ». En 2016, l'A321 représentait plus de 60% des commandes et plus de 40% des livraisons de monocouloirs. Dans le segment gros-porteurs comme les familles A330, A350 XWB et l'A380, Airbus prévoit une demande dans les 20 prochaines années pour quelque 10.100 avions, évalués à 2900 milliards de dollars. Ce doublement de la flotte commerciale au cours des 20 prochaines années entrainera un besoin de 530.000 nouveaux pilotes et 550.000 nouveaux ingénieurs de maintenance, ce qui offrira « un catalyseur de croissance » aux services d’Airbus – qui a déjà élargi son réseau mondial de centres de formation de 5 à 16 en trois ans. La croissance du trafic aérien sera la plus élevée dans les marchés émergents tels que la Chine, l'Inde, le reste de l'Asie et l'Amérique latine, « quasiment le double » de la croissance de 3,2% par an prévue sur les marchés matures tels que l'Amérique du Nord et l'Europe de l'Ouest. Les marchés émergents, qui accueillent actuellement 6,4 milliards de la population mondiale (sur 7,4 milliards), représenteront près de 50% de la consommation privée mondiale d'ici 2036. « Le transport aérien est remarquablement résistant aux chocs extérieurs et double tous les 15 ans », a déclaré John Leahy, directeur opérationnel Clients, Airbus Commercial Aircraft. « L'Asie-Pacifique continue d'être un moteur de croissance, la Chine domestique devient le plus grand marché au monde. Les revenus disponibles sont en croissance et, dans les économies émergentes, le nombre de personnes prenant un vol sera presque triplé d'ici 2036 », ajoute le dirigeant. Au cours des 20 prochaines années, l'Asie-Pacifique devrait prendre 41 pour cent des nouvelles livraisons, suivie par l'Europe avec 20 pour cent et l'Amérique du Nord à 16 pour cent. Les chiffres de la classe moyenne vont presque doubler à près de cinq milliards alors que la création de richesse rend l'aviation encore plus accessible, en particulier dans les économies émergentes, où les dépenses en services de transport aérien devraient être doublées. Pour le plaisir, Airbus Group a mis en scène les quatre derniers modèles de ses différentes activités : A350, A400M, Eurofighter Typhoon et H160, dans une performance en vol unique censée symboliser la « nouvelle famille unifiée Airbus ». [embed]https://www.youtube.com/watch?v=U09DEIWnNvA&t=0s[/embed]