La compagnie aérienne low cost Ryanair a mis fin à ses plans d’ouvrir à l’automne onze routes à Kiev et Lviv, ses premières vers l’Ukraine, en raison d’un conflit avec l’aéroport de la capitale. La spécialiste irlandaise du vol pas cher a présenté le 11 juillet 2017 « ses excuses » aux passagers qui avaient déjà réservé des vols vers l’Ukraine (et qui seront remboursés), expliquant que sa décision avait été prise « en raison du non-respect par l’aéroport de Kiev du contrat sur la croissance signé en mars avec le directeur général actuel Pavlo Riabikin et des officiels de l’aéroport ». Ryanair avait alors annoncé quatre nouvelles liaisons vers Kiev-Boryspil, au départ de Londres-Stansted, Manchester, Eindohven et Stockholm-Skavsta, quinze rotations hebdomadaires devant transporter 250.000 passagers par an ; elle avait ensuite ajouté sept routes vers l’aéroport de Lviv-Danylo Halytskyi, avec 16 vols par semaine au départ de Berlin-Schoenefeld, Budapest, Cracovie, Eindhoven, Londres-Stansted, Memmingen et Wroclaw. La low cost explique que l’aéroport de la capitale « a choisi de protéger des compagnies aériennes à tarifs élevés dont Ukraine International Airlines » (UIA), « privant ainsi les consommateurs et visiteurs d’Ukraine d’un accès au plus grand réseau et aux prix les plus bas d’Europe ». Avec pour résultat selon elle « la perte de 500.000 passagers par an et de 400 emplois ». Selon le directeur commercial de Ryanair David O’Brien, l’aéroport de Kiev « a démontré que l’Ukraine n’est pas un marché suffisamment mature et fiable pour y investir des capacités », son comportement ayant entrainé « de façon regrettable » un impact similaire à Lviv. Les capacités récupérées par Ryanair seront « transférées » vers des pays tels que l’Allemagne, Israël ou la Pologne, ajoute le dirigeant dans son communiqué, tout en affirmant espérer que l’Ukraine « participera à l’avenir » à la croissance annoncée : 200 millions de passagers par an en 2024. Ryanair ne détaille pas les raisons de son retrait, et le ministère des infrastructures a annoncé hier que le limogeage du directeur de l’aéroport Boryspil allait être demandé. Mais ce dernier a expliqué lors d’une conférence de presse que la low cost avait présenté des exigences « pas compatibles avec la législation ukrainienne ». Pavlo Riabikin a cité par exemple la demande de Ryanair que « toute dispute face l’objet d’arbitrage à Londres selon la loi locale » plutôt qu'en Ukraine, avant d’égrener selon Interfax une liste « d’ultimatums » qui lui auraient été présentés : gratuité des services de navigation aérienne, espaces publicitaires, bureaux de vente de billets, ainsi que période de crédit de 60 jours garantie par l'aéroport, paiement de 35% des bénéfices des magasins hors taxes ou approbation d’une taxe passager à 7,50$ pour cinq ans (contre 17 dollars pour UIA qui a immédiatement crié au scandale). Le directeur de l’aéroport expliquait déjà la semaine dernière avoir refusé d'accorder un rabais substantiel sur la route Londres – Kiev puisqu’elle n’était « pas nouvelle » (UIA et British Airways proposent déjà des liaisons entre les deux capitales, depuis Heathrow et vers Gatwick). L’Ukraine ne deviendra donc pas – pour l’instant au moins – le 34e pays desservi par Ryanair. A moins que le premier ministre du pays Volodymyr Groysman arrive à ses fins : il a annoncé hier soir vouloir reprendre les négociations avec la low cost. Un porte-parole de cette dernière a répondu dans le quotidien irlandais The Independent : « seulement si les accords sont honorés ».