Une combattante de MMA menottée au fond de la cabine, deux membres de la Garde civile espagnole blessés, un vol de Ryanair cloué au sol à Gran Canaria : la scène avait tout d’un mauvais remake de film d’action low cost.

L’incident s’est produit le 24 novembre à bord d’un vol Ryanair reliant l’île de Gran Canaria à Dublin, alors que l’appareil était encore au sol. Selon les médias espagnols, l’équipage aurait demandé l’intervention de la Garde civile après avoir signalé le « comportement violent » d’une passagère irlandaise de 39 ans, rapidement identifiée comme la combattante de MMA (Arts martiaux mixtes) Sinead Kavanagh.​

La Garde civile au corps-à-corps
Les agents montent à bord pour calmer la situation… et découvrent qu’affronter une ex-prétendante au titre mondial de MMA n’a rien d’un simple contrôle. Une altercation éclate dans l’allée centrale, sous les yeux des passagers. Les témoignages et les vidéos relayées sur les réseaux montrent une lutte particulièrement musclée entre Sinead Kavanagh et plusieurs agents de la Garde civile tentant de la maîtriser au milieu du couloir. Les autorités espagnoles indiquent que deux policiers ont été blessés lors de l’intervention, l’un d’eux étant ensuite placé en arrêt maladie, conséquence peu habituelle d’une « simple » arrestation de passager récalcitrant.​

Sinead Kavanagh est finalement extraite de l’avion, placée en garde à vue à l’aéroport puis présentée dès le lendemain devant un tribunal de Telde, qui la remet en liberté sous caution, tout en la maintenant sous le coup d’une enquête pour violences et résistance à agents des forces de l’ordre.

Ryanair rappelle sa « tolérance zéro »
Sans commenter publiquement le cas Kavanagh en détail, Ryanair s’en tient à sa ligne de conduite désormais bien rodée : tolérance zéro pour les passagers indisciplinés. Dans ses communiqués récents sur d’autres affaires similaires, la compagnie rappelle que « les comportements inacceptables et violents n’ont pas leur place à bord » et que les passagers impliqués « s’exposent à des poursuites, à des amendes salées et à une interdiction de voyager » avec la low cost irlandaise.​

La low cost irlandaise, qui se félicite régulièrement des condamnations d’« unruly passengers », revendique un partenariat étroit avec les autorités pour faire un exemple, allant jusqu’à demander des dommages et intérêts en justice et à soutenir l’idée de restrictions sur l’alcool dans les aéroports et à bord. Une manière de rappeler que, même à bas prix, le billet d’avion n’inclut pas le droit au chaos ni au combat par rounds interposés avec la police espagnole.​

Quand les vols Ryanair virent au ring
L’épisode Sinead Kavanagh s’inscrit dans une série de dérapages en vol dont Ryanair se passerait volontiers, mais qu’elle met aussi volontiers en avant pour illustrer sa fermeté. Les derniers mois ont vu se multiplier les incidents impliquant des passagers alcoolisés, agressifs ou simplement convaincus que les consignes de sécurité ne s’appliquent pas à eux, obligeant parfois à dérout­er des appareils ou à immobiliser des vols au sol.​

En Irlande, l’autorité de l’aviation civile a signalé une explosion des « événements » liés à des passagers difficiles, multipliés par plus de trois en un an, tandis que Ryanair évoque désormais des débordements « hebdomadaires » sur son réseau européen. Au point que la compagnie a annoncé en 2025 l’instauration de pénalités d’au moins 500 € pour les passagers débarqués de force, en plus des éventuelles amendes, frais juridiques et interdictions de vol.​

Tourisme de masse et nervosité en cabine
L’essor du trafic low cost, la consommation d’alcool dans les aéroports et la frustration d’un manque de confort nourrissent un cocktail parfois explosif en cabine, dont Ryanair n’est ni la seule victime ni le seul symbole. Entre vols détournés pour cause de bagarre, passagers menottés à l’arrivée et vidéos virales de scènes surréalistes, la frontière entre documentaire aérien et téléréalité semble parfois ténue à bord des avions, notamment au départ ou en provenance de l’Irlande et du Royaume-Uni.