L’attribution de la liaison sous délégation de service public (DSP) entre Lannion et Paris à la compagnie aérienne Chalair a été annulée par un tribunal administratif pour irrégularités. Twin Jet, qui avait saisi la justice, savoure. Le tribunal administratif de Rennes a rendu son verdict le 24 juillet 2017 : son ordonnance annule pour « irrégularités » l’ensemble de la procédure de DSP, dans laquelle le syndicat mixte de l’aéroport de Lannion-Côte de Granit avait choisi Chalair pour opérer les vols vers Paris-Orly à partir de septembre et pour quatre ans (une liaison opérée aujourd’hui par HOP! Air France). Chalair proposait 11 vols par semaine en ATR 42-500 de 46 places tandis que Twin Jet proposait « un nombre supérieur de rotations » mais en Beechcraft 1900D de 19 places. Le syndicat mixte a rappelé lors des audiences que son choix avait été guidé par le fait que 89% des vols à Lannion accueillaient plus de 19 passagers. Mais la taille de l'avion ne figurait pas dans l'appel d'offre, ce que le juge a qualifié de « manquement à l'obligation de publicité et de mise en concurrence ». Twin Jet a expliqué hier dans un communiqué que « Chalair qui avait été choisie sur des critères non portés à (sa) connaissance », cette compagnie faisant « cause commune avec l'aéroport de Lannion pour se battre contre Twin Jet devant le tribunal administratif ». Elle explique avoir reproché « l’opacité dans les critères de sélection,  alors que ces derniers doivent naturellement  être connus pour que les réponses soient adaptées aux attentes des financeurs ». Ses arguments étaient aussi financiers, expliquant il y a une dizaine de jours qu’elle avait fait une offre de « 700.000 Euros HT/an moins élevée » que celle de sa rivale retenue par l’aéroport, ce qui représenterait près de 3 millions d’euros d'économies sur les quatre ans de la délégation de service public. Le président de Twin Jet Olivier Manaut, qui avait aussi saisi le préfet, la Cour des comptes et la DGAC, a déclaré : « le juge du tribunal administratif a suivi  notre demande, celle de la voie du droit, en statuant ainsi, car  nous avions raison de crier haut et fort  que la procédure de DSP était totalement illégale. N'en déplaise aux concernés, la décision est très claire : tout est à refaire pour cette DSP » Il ajoute ne pas comprendre « stratégiquement » ce qui a pu faire « prendre un tel risque » à un syndicat en charge de « gérer un aéroport et les intérêts des entreprises locales », au travers d'une « gestion si hasardeuse de la commande publique, alors qu'ils avaient fait l'objet d'un avertissement, prévenus par le Chambre régionale des comptes de Bretagne ». Les entreprises locales n'ont « pas à s'inquiéter », tempère le dirigeant : il suffit que l’aéroport de Lannion « relance immédiatement la procédure, qu'il demande au prestataire actuel de continuer un peu, mais surtout qu'il agisse de suite », pour qu’elles disposent d’une ligne aérienne vers Paris après le 23 septembre, échéance de la DSP actuelle. Lors de l’audience, l’aéroport avait expliqué que cette nouvelle procédure prendrait au moins un an. Ni l’aéroport de Lannion ni Chalair n’ont commenté hier la décision du tribunal.