Le préavis de grève des pilotes de la compagnie aérienne Air France pour le 11 janvier, déposé après le « débarquement » d’un commandant de bord, n’a toujours pas été levé. En revanche, les hôtesses de l’air et stewards de KLM Royal Dutch Airlines travailleront normalement ce lundi, un accord de principe ayant été trouvé avec les syndicats VNC et FNV.

Le préavis de grève pour jeudi 11 janvier 2018 a été déposé par les trois principaux syndicats de pilotes de la compagnie nationale française, le SNPL, le SPAF et Alter pour protester contre le débarquement d’un commandant de bord qui refusait d’effectuer avec une « composition d’équipage dégradée ». Le 2 janvier dernier sur le vol AF7480 partant de l’aéroport d’Orly, le chef de cabine n’a pas pu prendre son service pour raisons médicales, et faute de chef de cabine de réserve un PNC « compétent faisant fonction de chef de cabine » a été désigné. Selon un courrier du DG adjoint aux opérations aériennes Olivier Dulat envoyé aux pilotes et publié par La Tribune, « le commandant de bord a fait savoir qu’il ne souhaitait pas effectuer la fin de la rotation avec un PNC compétent « faisant fonction chef de cabine ». Compte tenu de l’absence de solution, un scénario d’annulation du vol a d’abord été envisagé. Plusieurs échanges ont eu lieu entre les pilotes, et le CCO (centre de contrôle des opérations, NDLR) et la flotte pour essayer de l’éviter. A la suite de l’acceptation par un commandant de bord de réserve d’un PNC compétent « faisant fonction de chef de cabine », les pilotes ont été remplacés. Cela a permis d’éviter l’annulation du vol à chaud et les désagréments pour nos clients ». Air France a déploré dans un communiqué le préavis de grève en réaction « à une situation qui n’a en aucun cas remis en cause les prérogatives du commandant de bord ou la sécurité des vols », expliquant qu’elle s’assure en permanence que la composition des équipages soit « réglementaire et conforme au manuel d’exploitation de la compagnie approuvé par la DGAC ». Les personnels faisant fonction de chef de cabine « ont tous reçu une formation, approuvée par l’Autorité, qui leur permet d’accomplir leur mission comme n’importe quel chef de cabine nommé. Ce dispositif est totalement conforme à la réglementation. Il est mis en œuvre dans des situations d’aléas d’exploitation exceptionnels, telles que l’absence pour maladie, afin d’éviter l’annulation d’un vol à chaud et les désagréments pour les clients ». La direction de la compagnie ajoute qu’elle se tient à la disposition des syndicats de pilotes « pour échanger et répondre aux questions sur cette situation ».

Les syndicats dénonçaient dans leur propre communiqué un « acte extrêmement grave qui conteste aux commandants de bord Air France leur capacité à maintenir un haut niveau de sécurité à bord ». Et ils dénonçaient pendant la préparation du vol en question les « menaces de conséquences managériales » subies par les membres d’équipage pour les convaincre d’effectuer ce vol « en dépit des risques encourus pour la sécurité ». Rappelons qu’ils exigent de la direction d’Air France qu’elle reconnaisse que sa décision « n’était pas conforme au respect des prérogatives des commandants de bord », qu’elle rappelle le périmètre de ces prérogatives à l’ensemble de l’encadrement, et qu’elle modifie les dispositions litigieuses du manuel d’exploitation AF (Manex) « qui, de par sa rédaction, constitue une source d’interprétations allant à l’encontre des prérogatives légales des commandants de bord en mission ». « Nous ne nous contentons pas de simples excuses de la direction, souligne Philippe Evain, président du syndicat majoritaire SNPL Air France dans les Echos. Ce n’est pas un incident isolé, c’est le paroxysme d’une recherche de la rentabilité, qui pousse l’entreprise à mettre la pression sur ses salariés », estime-t-il. Et si tout lien est démenti avec d’autres sujets de grogne en cours, comme les négociations sur la grille de salaires, ce préavis de grève pourrait bien en cacher un autre : « un préavis national sera bientôt déposé », confirme dans TourMag Armand Simon du SNPL HOP!, la filiale régionale d’Air France où un nouveau texte sur les conditions de travail et de rémunération des pilotes a été validé par la DGAC faute d’accord avec les syndicats ; même si au bureau national on cherche à éviter « une grève très mauvaise pour l’image ».

Grèves : toujours en vue chez Air France, annulée chez KLM 1 Air JournalLe climat est nettement plus apaisé chez la compagnie sœur KLM du groupe de l’alliance SkyTeam, où le préavis de grève des PNC pour ce lundi 8 janvier a été levé. Le syndicat FNV Cabine, qui représente environ un quart des PNC, a accepté de présenter à sa base l’accord de principe trouvé avec la direction. Valable jusqu’au 1er juin 2019, cet accord négocié avec VNC (70% des hôtesses de l’air et stewards chez KLM) est décrit par la compagnie comme équilibré, « offrant des avantages à tous tout en demandant des contributions à tous », et ouvrant la voie à une nouvelle convention collective. Les salaires seront augmentés de 3,5% en trois phases, le dépôt de jours de congés est assoupli, et la règle -1 CA (réduction du personnel de cabine en classe Economie sur certaines liaisons long-courrier) est supprimée – comme le voulait le FNV. Reste à savoir si les deux syndicats convaincront leurs membres ; KLM espère que son offre mettra fin « à une longue période d’incertitude pour ses membres d’équipage cabine et la compagnie ».