Airbus décidera cette année qui de l’A320 et de l’A350 bénéficiera en premier d’augmentation du rythme de production, visant des livraisons d’un millier d’avions par an pendant la prochaine décennie. L’A319neo a toujours du sens, tandis que l’A350-1000 intéresse la compagnie aérienne Philippine Airlines. Alexandre de Juniac, ex-PDG d’Air France-KLM et président de l’IATA, serait candidat pour remplacer Tom Enders à la tête de l’avionneur européen.

Lors de la présentation de ses résultats annuels le 15 février 2018, qui ont vu son résultat net tripler malgré les problèmes industriels (moteurs P&W, A400M), Airbus a confirmé vouloir livrer environ 800 avions en 2018, contre 718 l’année dernière. Mais il réfléchit déjà à porter ce nombre à environ 1000 lors de la prochaine décennie, sans fournir d’échéance, deux modèles devant en être les principaux bénéficiaires. La famille A320 (y compris les neo) doit déjà atteindre un rythme de 60 appareils assemblés par mois au 2e semestre 2019, entre autres via l’augmentation de la production à Tianjin (5 par mois puis 6 au début 2020). Mais ce rythme pourrait atteindre 70 par mois durant les années 2020 – si les sous-traitants suivent, et en particulier les motoristes : si c’est le cas, Tom Enders évoque même une cadence « largement supérieure » en raison de la demande et pour raccourcir les délais de livraison (le carnet de commandes d’Airbus fin janvier 2018, 7253 avions, représente environ neuf années de production tous modèles confondus) .

Le programme A350 XWB est en bonne voie pour atteindre son objectif de production de 10 exemplaires par mois d’ici la fin 2018, notait Airbus hier ; des progrès notables ont été réalisés en termes d’accélération de la montée en cadence, de convergence des coûts récurrents et de réduction du niveau de travaux restants sur la chaîne d’assemblage final. L’avionneur réfléchit là aussi à augmenter la cadence, ce qui aurait déjà été fait si les fournisseurs dont Zodiac Aerospace n’avait pas rencontré de problèmes. En revanche les A330 resteront assemblés au rythme de six appareils par mois, et les A380 à douze en 2018, huit en 2019 et probablement six à partir de 2020 – et ce malgré la dernière commande d’Emirates Airlines

Airbus : assemblage, A319neo, A350-1000 – et AdJ ? 1 Air JournalLe cas spécifique de l’A319neo a été évoqué par Tom Enders, qui parle d’un avion « toujours en demande » malgré les 30 commandes fermes affichées fin janvier ; une nouvelle commande aurait été enregistrée en Chine « ces derniers jours ». Les « caractéristiques particulières » de l’appareil plaisent à certains opérateurs, même si le patron d’Airbus avoue que l’A319neo reste un avion « marginal », et qu’il attend de voir si les clients actuels (Avianca avec 20, trois pour des VIPs et sept pas attribués) veulent passer aux Bombardier CSeries. Ce dernier est « très compétitif », sinon Airbus n’aurait pas acquis le programme, ajoute-il ; « nous verrons comment les deux avions se comportent » en termes de commandes, soulignant que le chantier le plus important qu’il souhaite achever avant son départ est justement l’intégration des CSeries.

Airbus : assemblage, A319neo, A350-1000 – et AdJ ? 2 Air JournalOn retiendra aussi que Philippine Airlines étudie la possibilité d’acquérir des A350-1000, dont le modèle MSN65 à livrée « carbone » était justement de passage à l’aéroport de Manille-Ninoy Aquino. La compagnie nationale des Philippines a déjà commandé ferme six A350-900, avec des options pour six appareils supplémentaires, la première livraison étant attendue en juin. Le choix du -1000 aurait au moins deux avantages selon le président Jaime Bautista : pièces détachées en commun, et pilotes pouvant facilement passer d’un modèle à l’autre.

Enfin Le Figaro croit savoir qu’Alexandre de Juniac serait candidat au poste de Tom Enders, dont le départ a été confirmé en 2019. « Il a un profil intéressant. Il a la surface internationale nécessaire, la connaissance de l’industrie acquise chez Thales, où il a notamment dirigé la division systèmes aériens, et chez Air France qu’il a dirigé », a déclaré au quotidien une source proche du dossier. Tom Enders a renvoyé la question de sa succession au conseil d’administration, mais estime que l’équilibre franco-allemand n’est plus d’actualité. Interrogé pour savoir si son successeur sera français, il a répondu dans les Echos : « Je ne serai pas surpris, mais nous avons fait des progrès depuis 18 ans que le groupe existe. Avant, tous les postes chez Airbus étaient soigneusement étiquetés Français ou Allemand, mais aujourd’hui, je serai incapable de vous dire combien de Français ou d’Allemands nous avons dans la direction ». On cherche simplement « le meilleur, un leader pour piloter cette entreprise dans la décennie 2020. Ce qui exige un profil très international, bien plus digital que je ne le suis, ouvert aux innovations de tous les secteurs, à même de trouver de nouveaux business et quelqu’un bien sûr qui adore l’aéronautique », a-t-il ajouté. Avant de rappeler les changements de génération en cours chez Airbus, où Bruno Even vient d’être nommé à la tête de la division Hélicoptères et le vendeur en chef John Leahy laisse sa place à Eric Schulz.

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