Le gouvernement indien a officialisé le lancement de la vente de 76% du capital de sa compagnie aérienne nationale, Air India. Ses vols directs vers Tel Aviv, en survolant l’Arabie Saoudite, sont l’objet d’une plainte de la part d’El Al en Israël pour concurrence déloyale.

Selon le gouvernement de Narendra Modi, la privatisation porte sur les 76% que l’état détient dans Air India, sur 100% de sa filiale low cost Air India Express, et sur la moitié de la filiale de services AISATS ; le tout sera accompagné d’une reprise de la dette estimée à plus de 4,1 milliards d’euros, soit plus de la moitié du total. L’appel d’offres est ouvert jusqu’au 14 mai, et plusieurs candidats se sont déjà manifestés depuis la première annonce de cette privatisation en juin 2017 : la low cost indienne IndiGo, Tata Group ou Singapore Airlines, sans oublier la rumeur qui courait le mois dernier sur un possible intérêt d’un consortium formé par le groupe Air France-KLM, Delta Air Lines et Jet Airways.

Seules conditions posée pour l’instant par le gouvernement Modi : un engagement à conserver la participation pendant trois ans, et à conserver une direction indienne pour la compagnie de Star Alliance (même si sa propre part inférieure à 25% enlève toute possibilité de blocage au gouvernement).

Fondée en 1932 sous le nom Tata Airlines, la compagnie a été nationalisée en 1948 et renommée Air India ; elle fut la première compagnie asiatique à utiliser des jets (un 707 en 1960), et « la première au monde à n’utiliser que des jets ». Sa fusion avec Indian Airlines avait été finalisée en 2006. Aujourd’hui elle propose 69 destinations intérieures (3e en parts de marché derrière IndiGo et Jet Airways) et 37 internationales, y compris un vol quotidien entre Delhi et Paris-CDG. Elle opère une flotte de 124 avions hors filiales (aucun appareil en attente de livraison, les 16 Airbus A320neo et 27 Boeing 787-8 Dreamliner commandés ayant tous été livrés), et emploie environ 11.000 personnes à plein temps, dont 37,6% partiraient à la retraite d’ici cinq ans selon le texte du gouvernement.

Air India a d’autre part appris qu’elle était entre autres visée par une plainte en Israël de la part de la compagnie nationale El Al (qui assure ne pas lui en vouloir) : en jeu, le vol direct entre Delhi et Tel Aviv lancé le 22 mars dernier et qui emprunte l’espace aérien de l’Arabie Saoudite. Le gain de temps procuré par ce survol, environ deux heures, n’est malheureusement pas accessible à El Al (Ryad ne reconnait toujours pas Jérusalem) ; elle a donc décidé de poursuivre son gouvernement devant la Cour Suprême. Le CEO d’El Al Gonen Usishkin a expliqué que l’Etat « ne comprend pas l’étendue des dommages causés à nos 6000 employés » provoqués par la décision d’autoriser la nouvelle liaison d’Air India : « aujourd’hui c’est l’Inde, demain ce sera la Thaïlande et tout l’Orient », a-t-il expliqué.

Air India entre privatisation et poursuites par El Al 1 Air Journal