La direction de la compagnie aérienne Air France rencontrera ce jeudi l’intersyndicale qui vient d’organiser sept jours de grève et maintient les quatre autres prévus en avril. La proposition de doubler l’augmentation générale des salaires à 2% en 2018 est toujours rejetée par les organisations représentant tous les corps de métier, qui réclament une hausse de 6% (et de 10,7% pour les pilotes).

L’intersyndicale regroupant trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF et Alter), deux syndicats d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC), et cinq de personnel au sol (CGT​, FO, SUD, CFTC et SNGAF), représentant au total 52,6% des voix du personnel, plus l’UNAC, a accepté de rencontrer la direction ce jeudi 12 avril 2018, pour discuter des propositions faites avant-hier par le directeur général Franck Terner. Avec tout d’abord la revalorisation des grilles de salaires de 1% au 1er avril, en plus des augmentations déjà mises en œuvre pour 2018 par Air France de +0,6% en avril puis +0,4% en octobre, plus une enveloppe de 1,4% permettant pour les employés au sol une série de primes et promotions (mais approuvée par seulement deux syndicats, la CFE-CGC et la CFDT représentant 31,3% des voix du personnel). Soit une hausse totale de 2% pour tous les salariés. La compagnie propose d’autre part l’ouverture d’une négociation pluriannuelle sur les salaires (2019-2021), inter-catégorielle comme le demandent les syndicats. Air France a en outre spécifié que la négociation engagée depuis deux semaines avec les organisations représentatives des pilotes « se poursuivra autour des thèmes spécifiques pilotes, dans un cadre équilibré qui permette de garantir la dynamique de croissance sur laquelle nous nous sommes engagés ».

Mais Air France demande en échange la fin du conflit, qui lui a déjà coûté 170 millions d’euros, ce que l’intersyndicale a refusé hier : les préavis de grève annoncés pour les mardi 17 et mercredi 18 avril, puis les lundi 23 et mardi 24 avril, sont maintenus. L’intersyndicale réclame toujours une augmentation de salaire de 6% (et 10,7% pour les pilotes) pour prendre en compte l’inflation des sept dernières années. Elle a rejeté la proposition d’un mécanisme d’ajustement salarial pour les employés dont les salaires ont progressé moins vite que l’inflation. Et les déclarations de certains syndicalistes ne laissent pas beaucoup d’espoir pour ce début de dialogue social : pour Karine Monsegu de la CGT citée dans La Tribune, « ils ont un genou à terre » et il faut « qu’on tienne le coup jusqu’à ce qu’on obtienne nos augmentations de salaire », tandis qu’il est « hors de question qu’on se couche pour 1% » de plus, affirme Karim Taïbi de FO.

En additionnant les 2% d’augmentation générale, l’intéressement, les primes et autres hausses de salaires automatiques, la masse salariale d’Air France devrait augmenter de 5,5% en 2018. Interrogé sur Europe 1, son président (et PDG d’Air France-KLM) Jean-Marc Janaillac évoque une proposition « à la fois forte et raisonnable », qui revient à dire aux syndicats : « ces 6% que vous demandez, c’est totalement irréaliste cette année, mais projetons-nous dans l’avenir, sur 2019, 2020 et 2021, fondons ensemble un pacte de croissance et commençons à faire une négociation salariale sur ces trois années ». Il a rappelé le niveau de compétitivité d’Air France, nettement moins rentable que ses rivales et qui va connaitre cette année une concurrence encore plus dure avec des low-cost vers les Antilles, vers les Etats-Unis, ou l’ouverture par easyJet de bases en France. « Je suis confiant dans le fait que la majorité des salariés d’Air France réalise que le monde dans lequel nous vivons n’est pas celui qui existait il y a dix ans, qu’il faut savoir s’adapter et que le niveau d’effort qui leur est demandé est tout à fait raisonnable », a conclu le dirigeant qui « ne peux pas imaginer que les syndicats d’Air France refusent la proposition qui leur a été faite pour permettre de poursuivre cette croissance qui profite à tous et qui va créer des emplois pour Air France ».

Grève Air France : dialogue amorcé mais grèves maintenues 1 Air Journal