Les syndicats de pilotes VC en Allemagne et VNV aux Pays-Bas ont décidé de rejoindre la grève de vendredi chez la compagnie aérienne low cost Ryanair, lancée par leurs collègues en Belgique, en Suède et  en Irlande. Le total des vols annulés atteint désormais 396 sur les 2400 prévus demain, touchant quelque 67.000 passagers. L’impact du mouvement dans les aéroports néerlandais n’est pas encore connu.

En Allemagne, le syndicat Vereinigung Cockpit (VC) a annoncé sans grande surprise avoir rejoint la grève de demain 10 aout 2018, 96% des pilotes qu’il avait interrogés s’étant prononcés en faveur de la grève. Tous les pilotes « permanent » de Ryanair arrêteront le travail à partir de 3h00 la nuit prochaine et jusqu’à 2h50 samedi matin, VC soulignant dans son communiqué que « tous les vols programmés au départ des 19 aéroports allemands seront affectés ». Le président du syndicat Martin Locher a expliqué que « des améliorations sont inconcevables sans une augmentation des coûts dans le cockpit », ajoutant que Ryanair avait « catégoriquement exclu de telles augmentations lors des négociations ». VC dit regretter l’impact de cette grève « sur les passagers affectés, les équipages de cabine et le personnel au sol ».

Ryanair a dans la foulée confirmé l’annulation de 250 vols en Allemagne en raison de cette grève « injustifiée », précisant que tous les passagers concernés seront contactés d’ici 15h00 ce jeudi avec des propositions de modification de réservation ou de remboursement du billet. Le DRH Kenny Jacobs reproche au syndicat de ne pas avoir fourni un préavis de sept jours au détriment des passagers, et dit regretter la décision de VC de lancer « cette grève inutile, étant donné que nous avons envoyé une proposition révisée sur une convention collective vendredi et déclaré notre intention de travailler ensemble ». Il ajoute avoir invité le syndicat à une rencontre hier, sans réponse si ce n’est un préavis de 48 heures, et affirme : « nos pilotes en Allemagne bénéficient d’excellentes conditions de travail. Ils sont payés jusqu’à 190.000 € par an. En plus d’avantages supplémentaires, ils ont reçu au début de l’année une augmentation de salaire de 20%. Les pilotes Ryanair gagnent au moins 30% de plus que les pilotes Eurowings et 20% de plus que les pilotes de Norwegian ». La low cost se dit toutefois prête à continuer les négociations, tout en demandant à VC de « supprimer la menace d’une grève injustifiée et inutile, de s’engager à fournir un préavis raisonnable de grève (7 jours) et d’accepter nos invitations à des négociations sérieuses sur un CLA pour nos pilotes allemands ».

Aux Pays-Bas, où la low cost est présente dans trois aéroports, les pilotes interrogés par VNV s’étaient prononcés à 99,5% en faveur de la grève. Le syndicat a décidé hier soir d’appeler à la grève vendredi, se disant « surpris et furieux » après avoir été informé que Ryanair avait demandé à un tribunal de Harlem « d’empêcher une grève des pilotes de Ryanair aux Pays-Bas pendant l’été ». Aucune procédure de ce type « n’a été lancée ces dernier mois en Europe » par la low cost, soutient VNV pour qui l’action en justice a « rendu facile » la décision de rejoindre la grève lancée dans quatre autres pays. Il affirme que ses revendications étaient « modestes, notamment le fait que le droit néerlandais s’applique aux contrats, qu’il n’y ait plus de faux travailleurs indépendants, et que des indemnités de congé maladie et des pensions suffisantes soient versées ». Et avertit Ryanair que cette grève devrait être un « signal d’alarme » pour la direction.

Sur les quelque 2400 vols programmés vendredi par Ryanair, 250 sont donc annulés en Allemagne, 104 en Belgique, 22 en Suède, et 20 en Irlande – soit un vol sur six. De quoi affecter désormais 67.000 passagers, en attendant la « facture » aux Pays-Bas.