L’ouverture du futur Terminal 4 à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle, envisagée en partie pour 2024 et les Jeux Olympiques, devrait finalement retrouver sa date initiale de 2028, à la demande de la compagnie aérienne Air France à qui il sera dédié. Une concertation sera lancée le mois prochain, concernant 380 communes dans sept départements de la région parisienne.

Eviter des difficultés opérationnelles et de qualité de service entre 2024 et 2028 : c’est l’argument avancé selon La Tribune par le CEO d’Air France-KLM Benjamin Smith pour revenir au projet initial d’ADP, qui prévoyait d’ouvrir ce T4 entièrement en 2028. Situé au nord des 2E et 2F, le nouveau terminal devait à la demande d’Air France inaugurer une première tranche en 2024, juste avant les Jeux Olympiques de Paris, avec une capacité entre 7 et 10 millions de passagers par an. Rappelons qu’une fois terminé en 2037, le T4 aura à peu près la taille d’Orly (entre 35 et 40 millions de passagers par an), et portera la capacité de l’aéroport Charles de Gaulle à 120 millions de passagers par an – de quoi gérer la croissance du trafic aérien jusqu’à 2050 selon ADP. Mais Ben Smith préfèrerait disposer d’une nouvelle « infrastructure complète en 2028 ». Le gestionnaire du premier aéroport français a accepté ce nouveau calendrier, qui ne remettrait pas en cause les travaux pour des accès routiers ou des aires avions prévus pour l’été 2024 : « Nous ne livrerons d’infrastructure visible pour le passager qu’à l’horizon 2028 », a confirmé le directeur général d’ADP Edward Arkwright en conférence de presse vendredi, précisant que le calendrier à 2024 impliquait des solutions « dégradées au niveau de leur performance opérationnelle et de la qualité de service ».

Les prévisions de croissance d’Air France devraient se contenter de Roissy tel qu’il est jusqu’en 2028 (ADP prévoit entre +2% et +3% par an d’ici là) via une optimisation des programmes de vol et des opérations au sol, y compris selon le quotidien économique par l’ajout « d’infrastructures légères (des portes d’embarquement, des points de parking…) ». L’ouverture partielle aurait en outre créé des problèmes pour le transfert des passagers et de leurs bagages entre le T4 et les 2E et 2F, contraire au vœu de montée en gamme souhaité par Ben Smith pour la compagnie aérienne. Le CEO serait en revanche intéressé par la possibilité d’étendre le T2 si les travaux du T4 prennent du retard, via la création d’un Satellite 5 similaire mais plus petit que les S3 et S4 (8 millions de passagers par an chacun). Cette « alternative de déploiement vers l’Est des infrastructures actuelles », permettrait de « reporter au-delà de 2028 le besoin du Terminal 4 pour Air France et ses partenaires », a-t-il déclaré devant les députés. Problème selon ADP : ce S5 prévu pour 5 millions de voyageurs annuels prendrait la place du 2G (4 millions), qui accueille aujourd’hui les vols régionaux d’Air France…

Rappelons que le Terminal 2B, à la fin des travaux en 2020, permettra déjà à Roissy d’ajouter 6 millions de passagers à sa capacité actuelle (72,2 millions accueillis en 2018), de quoi absorber la hausse du trafic pendant environ 4 ans selon ADP. Et que l’architecture retenue pour le T4, surnommée Space Invader avec deux culs-de-sacs de part et d’autre du bâtiment, est en outre loin de faire l’unanimité, malgré 18 mois de concertations et d’études. L’association BAR France (Board of Representative Airlines), qui regroupe les 70 compagnies aériennes présentes dans l’hexagone, dénonçait en octobre dernier le choix d’ADP et exigeait une consultation « basée sur la transparence », pour offrir à ses clients utilisateurs un projet « privilégiant l’efficacité opérationnelle et la ponctualité des vols dans un cadre financièrement acceptable pour les compagnies aériennes ».

Paris-CDG : pas de T4 avant 2028, mais une concertation en vue 1 Air Journal

Le Groupe ADP a de son côté annoncé le lancement d’une concertation sur la construction du T4, qui sera menée par la Commission nationale du débat public entre le 12 février et 12 mai. Concernant 480 communes de Seine-et-Marne, Yvelines, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val d’Oise, Oise et Paris, elle s’articulera autour de dix réunions publiques mais aussi d’ateliers, de « cafés participatifs » et de visites du site. Le rapport de la CNDP sorti de cette concertation précèdera le lancement de la procédure d’enquête publique ; les travaux dans la zone de 167 hectares débuteront en 2021. Le gestionnaire rappelle qu’au-delà de 2028, les phases ultérieures du Terminal 4 permettront de construire « au fur et à mesure des besoins » :

*Le processeur pour le départ et l’arrivée des passagers aménagé avec un parking,
*La zone centrale de commerces, de restauration et de détente,
*Des salles d’embarquement et des postes avions associés,
*Le système de transport des passagers en zone de sûreté (People Mover) reliant le Terminal 2 au Terminal 4 (avant la connexion à terme au Terminal 1) ainsi que la liaison bagages mécanisée,
*Le réseau routier pour desservir le Terminal 4,
*Les voies de circulation pour les avions,
*Les interfaces avec les transports en commun.

Le coût de la construction du Terminal 4 et du développement de la plate-forme aéroportuaire, à l’horizon 2037, est estimé entre 7 et 9 milliards d’euros, intégralement financé par le Groupe ADP. Ce montant comprend la création de la nouvelle infrastructure mais également les équipements nécessaires à son bon fonctionnement, qu’ils soient à l’intérieur même de l’infrastructure (équipements électromécaniques, ascenseurs) ou à l’extérieur (nouveaux moyens de transport en zone publique de l’aéroport et en zone de sûreté, voies et réseaux de circulations).

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