La compagnie aérienne Jet Airways, ne disposant plus de que de sept avions et quasiment pas de cash, a reporté sine die la reprise des vols internationaux. En plus de la suspension de la route entre Chennai et Paris, le Mumbai – Paris est fermé à la réservation jusqu’au 10 juin au plus tôt.

Ce lundi 15 avril 2019 sera marqué par ce qui pourrait être la dernière chance de survie de la compagnie privée indienne, qui rencontrera le consortium de prêteurs indiens dirigé par la State Bank of India (SBI) devenu actionnaire majoritaire le mois dernier, pour obtenir de nouveaux fonds. L’emprunt provisoire d’environ 218 millions de dollars, qui permettrait à Jet Airways de continuer à opérer durant les prochaines semaines, pourrait être finalisé à cette occasion. Face à une dette de 1,6 milliard de dollars, des salaires impayés depuis des mois pour certains employés et une flotte en constante réduction, Jet Airways avait dévoilé fin mars son plan de restructuration, avec la conversion des créances en capitaux propres via l’émission de 114 millions d’actions (au consortium dirigé par la SBI) mais aussi le départ de son fondateur et président Naresh Goyal

Ce dernier serait d’après la presse indienne prêt à investir de nouveau dans la compagnie aérienne, avec l’appui du fonds américain Future Trend et de la société britannique ADI Partners ; des expressions d’intérêt ont déjà été déposées par Etihad Airways (déjà actionnaire à hauteur de 12% contre 24% fin décembre, et qui serait prête à monter à 49% selon la rumeur), Indigo Partners (Wizz Air, Frontier Airlines, Volaris…) et les fonds d’investissement NIIF, TPG Capital et le consortium Think Equity/Redcliffe Capital. La sélection du ou des investisseurs ne devrait pas intervenir avant le 7 mai.

La flotte de Jet Airways ne compte plus que six ATR et un Boeing 737-800 lui permettant d’opérer environ 40 vols quotidiens, contre 14 avions vendredi dernier, 26 la semaine précédente et un maximum de 123 décembre dernier. Des sociétés de leasing ont proposé les avions saisis en particulier à la low cost SpiceJet, dont la flotte compte 35 737-NG et 13 737 MAX 8 (cloués au sol).Une « bonne » nouvelle a cependant été reçue hier par Jet Airways, la suspension du mouvement de grève prévu ce lundi par les pilotes et le personnel de cabine, qui n’ont pas été payés depuis trois mois.

Côté réseau, depuis l’annonce des premières suspensions de routes jeudi dernier, Jet Airways a stoppé tous ses vols internationaux – et ne donne plus aucune date pour leur reprise. Outre l’impact sur Paris-CDG, où les deux lignes depuis Chennai et Mumbai ont disparu du système de réservation, Amsterdam a entre autres « perdu » ses lignes en provenance de Mumbai et Bangalore au moins jusqu’au 18 avril, Londres étant également privée temporairement des routes de la compagnie aérienne. « A titre préventif, Jet Airways a restreint les ventes sur certaines liaisons pendant quelques jours afin de replacer les clients, qui ont malheureusement été affectés par des annulations provisoires », a-t-elle souligné dans un communiqué.

Rappelons que la DGAC indienne a commencé à redistribuer les créneaux de vol de Jet Airways, initialement pour une période allant du 16 avril au 15 juillet, afin de stimuler les capacités durant cette période de vacances. La low cost AirAsia India et la compagnie régulière Vistara (toutes deux filiales du Tata Group) ont immédiatement sauté sur l’occasion, en particulier à l’aéroport de Mumbai ; cette adjudication temporaire de créneaux avait déjà été pratiquée lors des crises de Kingfisher ou SpiceJet – qui cherche désormais à recruter pilotes et ingénieurs de Jet Airways, leur demandant de réduire leurs exigences de 20 à 50%…

Jet Airways : réunion de la dernière chance ce lundi ? 1 Air Journal