La compagnie aérienne low cost Ryanair devrait fermer trois bases en Espagne, selon un syndicat de PNC qui menace d’organiser des grèves en septembre – tout comme le SEPLA selon qui 100 pilotes dans le pays seraient concernés par les futurs licenciements. Et elle poursuit en justice son COO Peter Bellew, en partance pour la rivale easyJet.

Les bases de la spécialiste irlandaise du vol pas cher dans les aéroports de Gérone-Costa Brava en Catalogne et Las Palmas-Gran Canaria et Ténériffe-Sud dans les îles Canaries sont menacées de fermeture en début d’année prochaine, selon le syndicat d’hôtesses de l’air et stewards SITCPLA. Aucune date n’est précisée, mais le sort des deux plateformes des Canaries était déjà connu depuis le début de l’année. Le cas de Gérone a été évoqué lors d’une rencontre de médiation entre Ryanair, le syndicat USO et le SITCPLA, dont le porte-parole a déclaré dans Diari de Girona : « c’est une injustice injustifiable, alors que l’entreprise qui augmente constamment ses bénéfices veut à l’avance procéder à des licenciements tout en recrutant du personnel ». La réunion sur l’établissement d’une nouvelle convention collective s’est terminée sur un échec, la low cost ayant avancé les mêmes arguments que dans le cas de Faro au Portugal – en l’occurrence la chute des bénéfices au premier trimestre, le retard des livraisons des Boeing 737 MAX et l’incertitude liée au Brexit. Le SICTPLA entend organiser des grèves en septembre, mais n’a pour l’instant pas annoncé de date précise ; des sources syndicales affirment que la fermeture des bases, en Espagne et ailleurs, serait décidée en fonction de l’importance des syndicats dans les aéroports en question. Ryanair emploie quelque 300 personnes à Gérone, dont 80 pilotes.

La remontée de la tension entre la low cost et ses PNC n’a pas échappé à l’European Cockpit Association (ECA), selon qui Ryanair « opte une fois encore pour la confrontation. Les années se suivent et se ressemblent chez Ryanair. L’incapacité de la compagnie à engager un véritable dialogue social avec ses employés reste la même. Pire, les négociations collectives ne semblent plus une priorité pour ses dirigeants ». Au travers de nouvelles menaces de suppressions de postes (environ 900 navigants menacés de licenciement), la compagnie « renoue avec sa traditionnelle stratégie de la confrontation. Ces suppressions de postes et les rumeurs de sureffectif pilotes en son sein apparaissent d’autant plus fantaisistes que la compagnie augmente son programme de vols et continue de recruter des pilotes et ce, malgré les problèmes du B737 MAX ». Alors qu’elle s’était engagée « il y a un an à appliquer le droit du travail local, à négocier des conventions collectives significatives pour l’ensemble de ses employés ou encore à offrir aux travailleurs indépendants et auto-entrepreneurs qui opéraient pour elle un contrat de travail direct », seuls les représentants des pilotes belges, italiens et portugais ont été en mesure de signer un accord sur leurs conditions de travail, rappelle ECA. Pour les autres, « tout reste à faire d’autant que la menace de dumping social demeure au travers du développement des deux nouvelles filiales de Ryanair : Malta Air et Ryanair Sun ».

Ryanair: bases fermées en Espagne, ex-COO poursuivi 1 Air Journal

©Ryanair

Toujours en Espagne mais côté pilotes, le syndicat SEPLA menace également d’organiser des actions à partir du mois prochain, après avoir appris qu’une centaine d’Espagnols étaient concernés par les deux vagues de licenciements prévus à la fin de la saison estivale et après Noël. « Nous ne sommes pas disposés à accepter que des licenciements aient lieu », a-t-il déclaré dans FlightGlobal, surtout s’ils sont « le produit d’une gestion néfaste de Ryanair ». Les négociations « qui ont été menées jusqu’à présent avec une lenteur absolue et un manque de volonté de négocier de la part de Ryanair, sont maintenant contaminées par cette annonce inattendue de licenciements », ajoute-t-il. Le SEPLA, dont la reconnaissance avait été signée en octobre dernier, va maintenant étudier « quelles mesures elle pourrait prendre », y compris des grèves.

On retiendra d’autre part la plainte en justice déposée en justice le 6 aout par Ryanair contre son directeur des opérations Peter Bellew, qui avait annoncé mi-juillet sa démission à la fin décembre. Pour des « raisons légales », le contenu de la plainte n’est pas commenté par la compagnie aérienne, mais on rappellera que l’homme revenu en 2017 chez Ryanair après un passage par Malaysia Airlines vient d’être recruté par la rivale easyJet : Peter Bellew « fera partie du conseil de gestion de la compagnie aérienne et relèvera du directeur général d’easyJet, Johan Lundgren », précisait son nouvel employeur sans fournir de date de sa prise de fonction. Michael O’Leary rappelait la semaine dernière que tous les dirigeants de Ryanair ont des clauses de non-concurrence « plutôt extensives » dans leurs contrats ; des discussions sont en cours avec le COO sortant, ajoutait-il.

Ryanair: bases fermées en Espagne, ex-COO poursuivi 2 Air Journal

©Ryanair