Une grève de cinq jours au Portugal par les hôtesses de l’air et stewards de la compagnie aérienne low cost Ryanair débute ce mercredi, a priori sans impact important, tandis que celle annoncée pour demain par ses pilotes en Grande Bretagne attend une décision de justice. Les syndicats belges appellent leurs membres à refuser de travailler à la place de leurs collègues grévistes.

Annoncée au début du mois par le syndicat SNPVAC, la grève dans les aéroports portugais des PNC de la spécialiste irlandaise du vol pas cher a débuté à 0h01 ce 21 aout 2019, et durera jusqu’à 23h59 le dimanche 25 aout. Le gouvernement portugais a imposé un service minimum à Ryanair, expliquant que la durée « relativement longue » de la grève en pleines vacances d’été risquait entre autres d’aggraver l’engorgement des aéroports, et représentait donc un potentiel danger pour les voyageurs. Les lignes concernées par ce service minimum incluent entre autres « au moins un vol quotidien » entre Lisbonne et Beauvais, Berlin, Londres, Ponta Delgada, ainsi qu’entre Porto et Cologne. Le SNPVAC est chargé de désigner les équipages de ces vols, sans quoi Ryanair pourra les imposer.

Ryanair a déclaré hier ne pas s’attendre à des perturbations importantes dans ses bases au Portugal durant cette grève « injustifiée » : « nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour minimiser les perturbations de nos clients et de leurs familles », explique un communiqué, tout en ne pouvant exclure « certains retards ou des modifications de vols » de dernière minute. La compagnie a précisé à l’agence Lusa : les passagers qui n’ont pas reçu de courrier électronique ou de message « peuvent s’attendre à ce que leurs vols à destination et en provenance du Portugal se déroulent normalement cette semaine ». Ce mercredi matin, les aéroports de Lisbonne et Porto affichent chacun 50 décollages programmés par la low cost, et aucune annulation au moment de la rédaction.

Début aout, le SNPVAC justifiait sa décision par le fait que la low cost n’avait pas tenu les engagements pris en novembre dernier avec les agences d’intérim Crewlink et Workforce, notamment sur 22 jours de congés payés, le respect de la loi parentale portugaise ou l’élargissement des possibilités d’accéder à un contrat d’emploi direct. Un communiqué du syndicat précisait en juillet : « face à l’intransigeance de Ryanair et au désintérêt du gouvernement portugais de garantir les droits fondamentaux du travail à leurs citoyens qui travaillent pour Ryanair, le personnel de cabine n’a pas eu d’autre choix que de relancer le conflit jusqu’à ce que ses droits soient pleinement respectés ».

Ryanair fait aussi face jeudi et vendredi à un appel à la grève lancé par les syndicats de pilotes BALPA en Grande Bretagne et IALPA en Irlande. Elle a saisi des tribunaux dans les deux pays, demandant  l’interdiction des deux mouvements ; les jugements sont attendus aujourd’hui, mais la Haute Court de Londres a par exemple déjà rejeté un appel similaire lancé par IAG pour interdire la grève des pilotes de British Airways prévue demain. Et en Espagne, deux syndicats de PNC ont déjà déposé des préavis de grève pour dix jours de septembre.

En Belgique où aucun appel à la grève n’a été lancé, le syndicat CNE a demandé à ses membres de ne pas « aider » Ryanair à contrecarrer les effets des diverses grèves prévues (celle au Portugal n’est pas concernée pour l’instant) : « nous demandons que le personnel n’aide pas à ruiner les effets de la grève. Une grève dans une entreprise comme Ryanair ne peut fonctionner que si elle a un impact européen, visible », explique Didier Lebbe dans Le Soir. Si la grève n’est soutenue « qu’à un seul endroit, Ryanair trouvera toujours quelqu’un dans un autre pays pour en limiter les effets. Nous savons qu’ils veulent organiser des vols pour conduire du personnel de Belgique vers Eindhoven et Francfort puis, de là, organiser les vols prévus au Portugal », ajoute le syndicaliste.

Rappelons que la low cost vient d’annoncer un prochain plan de licenciement qui devrait affecter 900 navigants, avec une première annonce attendue à la fin de l’été et une autre après Noël. Ryanair estime son sureffectif actuel à 500 pilotes et 400 PNC, et vient d’afficher au premier trimestre un recul de 21% de ses bénéfices. Elle a déjà envisagé de fermer des bases dès le mois de novembre, les retards de livraison des Boeing 737 MAX l’ayant – entre autres – forcée à revoir à la baisse ses prévisions de croissance.

Grèves Ryanair : ça commence aujourd’hui au Portugal 1 Air Journal

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