Un an jour pour jour après le premier des deux crashes de Boeing 737 MAX, qui ont fait 346 victimes en cinq mois, le CEO Denis Muilenburg était entendu par les sénateurs américains. S’il a reconnu des erreurs et de nouveau présenté ses excuses aux familles de victimes, le dirigeant n’a pas franchement réussi à convaincre que la sécurité des passagers était bien passée avant les gains financiers. Une bonne nouvelle à noter toutefois : l’engagement de la future low cost Air Premia en Corée du Sud pour cinq 787 Dreamliner.

Il y a exactement un an le 29 octobre 2018, un Boeing 737 MAX 8 de la low cost Lion Air s’écrasait peu après son décollage, faisant 189 morts, et le 10 mars dernier un avion identique de compagnie aérienne Ethiopian Airlines connaissait le même sort, tuant les 157 personnes à bord. Deux accidents dans lesquels le système anti-décrochage MCAS a été mis en cause, ainsi que les rapports entre Boeing et la FAA en charge de la certification du monocouloir remotorisé. La première des deux auditions de Denis Muilenburg devant le Congrès américain, hier au Sénat en présence de certaines familles de victimes, n’a pas réservé de surprises. Sa déclaration avait été publiée la veille, mais il est parfois apparu déstabilisé par les questions, notamment sur les messages du chef pilote Mark Forkner en 2016  qui avait demandé à la FAA de ne pas faire mention du MCAS dans le manuel (requête qui sera acceptée) tout en dénonçant son inefficacité en simulateur. Le CEO a reconnu ne pas avoir parlé au pilote – qui travaille toujours chez Boeing.

Boeing « est venu à mon bureau quelque temps après les accidents et a déclaré qu’ils étaient dus aux erreurs des pilotes », a entre autres déclaré le sénateur démocrate du Connecticut Richard Blumenthal ; « en vérité ces pilotes n’ont jamais eu une chance. Leurs familles ne savaient pas qu’ils étaient dans des cercueils volants parce que Boeing avait décidé de dissimuler le MCAS aux pilotes ». « Nous ne pouvons pas permettre que la compétition dans l’aviation commerciale tire les choses vers le bas dès qu’il est question de sécurité », a ajouté la sénatrice démocrate Maria Cantwell, alors que les relations entre Boeing et la FAA étaient de nouveau mises sur la sellette. Et que des documents étaient brandis « prouvant » que le constructeur américain avait mis la pression sur ses ingénieurs comme sur le régulateur pour rattraper le retard par rapport au concurrent, l’Airbus A320neo. « Nous savons que nous avons fait des erreurs et que nous avons mal fait certaines choses. Nous le reconnaissons et nous les réparons », a reconnu Denis Muilenburg – qui devrait faire face à des questions similaires ce mercredi devant la Chambre des Représentants.

Une bonne nouvelle est toutefois tombée hier pour Boeing : la future low cost Air Premia, qui doit lancer ses opérations en septembre 2020 au départ de Séoul-Incheon, s’est engagée à acheter cinq 787-9 Dreamliner, en plus des trois qui seront pris en leasing chez ALC. Cette acquisition d’une valeur de 1,4 milliard de dollars au prix catalogue doit encore être finalisée. Il s’agit d’une décision « excitante pour Air Premia, qui souhaite offrir à ses clients une expérience de classe mondiale, tout en exploitant le parc de véhicules le plus économe en carburant », a déclaré son CEO Peter Sim dans un communiqué. La low cost doit initialement ouvrir des liaisons régionales, et prévoit de desservir Los Angeles et San José d’ici 2021.

737 MAX : le patron de Boeing à la peine devant le Congrès 1 Air Journal

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