La compagnie aérienne Air Mauritius a annoncé une légère amélioration de ses résultats opérationnels pour le deuxième trimestre, dans un contexte qui reste difficile et au cours d’une année où l’entreprise a pris « des mesures audacieuses » pour revoir son modèle économique.

La compagnie nationale mauricienne, basée à l’aéroport de Port Louis-Sir Seewoosagur Ramgoolam, affiche aujourd’hui une légère amélioration de sa performance opérationnelle pour le deuxième trimestre de l’exercice financier 2019/2020, dans un « contexte économique compliqué » où elle subit les effets de la dégradation de l’euro et l’application des nouvelles normes comptables IFRS 16 en vigueur cette année. Alors que les comptes du trimestre (hors IFRS 16) passent de -2,8 millions à -1,3 million d’euros net, l’effet IFRS 16 détériore selon le communiqué d’Air Mauritius ces mêmes comptes qui passent de 1,3 million d’euros net négatif à 18,3 millions d’euros net négatif.

Malgré des difficultés sur plusieurs de ses principaux marchés touristiques, Air Mauritius « résiste » et annonce de bonnes performances opérationnelle et commerciale. Grâce à l’implémentation des premiers éléments du rapport CAPA, notamment au niveau du réseau et du commercial, la compagnie devait programmer une capacité de 591.514 sièges, en légère augmentation par rapport au deuxième trimestre de l’année précédente, et déployée surtout sur le court et moyen-courrier. Le trafic passe à 449.327 passagers transportés, et le coefficient d’occupation à 81,5%, « ce qui indique une bonne utilisation de la capacité ». Même si le «yield» se dégrade légèrement à 233 euros, la recette au kilomètre offert connait une légère amélioration de 1,8%.

Les coûts opérationnels d’Air Mauritius subissent une réduction de 6,4% pour passer à 132,1 millions d’euros, « principalement dus à la baisse du prix du carburant, au déploiement plus adapté de la capacité par rapport à l’évolution de la demande ainsi qu’aux initiatives prises pour réduire les coûts ». Dans ce contexte, un comité de pilotage de tous les coûts a été institué et « apporte déjà des résultats ». A noter que l’économie du carburant est aussi accentuée avec l’arrivée des Airbus A330neo dans la flotte pendant le trimestre.

Sur le premier semestre, l’application des nouvelles normes comptable IFRS 16 a pour conséquence la « dégradation des résultats » ; hors IFRS16, Air Mauritius aurait affiché un résultat net négatif de 8,1 millions d’euros, en nette amélioration du résultat net négatif de 17,6 millions pour l’exercice précèdent. Après l’application de l’IFRS 16 « et dans le droit fil des résultats du deuxième trimestre », les résultats des premiers six mois de l’exercice affichent un net de -22,6 millions d’euros. Le nombre de sièges déployés reste stable à 1.120.554 ; le trafic connait une légère baisse à 844 519 passagers, « confirmant les difficultés rencontrées dans les principaux marchés émetteurs qui sont reflétées par la baisse des arrivées touristiques ». Le taux de remplissage connait toutefois une légère hausse passant de 80,4 à 80,9 %. Les coûts opérationnels baissent de 6,8% pour atteindre 253,4 millions d’euros grâce à la réduction du coût du carburant. Cette réduction est due selon la compagnie aérienne à la baisse des prix et à la baisse du volume utilisé par l’effet combiné d’avions plus performants (A350-900 et A330-900) et d’un réseau recentré sur le court et moyen-courrier.

Perspective pour le reste de l’exercice

Le contexte économique mondial « se détériore avec des tensions sur plusieurs parties du monde » : le FMI vient de revoir la croissance pour cette année à 3%. Plusieurs de nos marchés font face à des difficultés – la Grande Bretagne et l’Europe en général avec l’effet du Brexit, la Chine et les tensions commerciales avec les Etats Unis, l’Afrique du Sud et Hong Kong. En outre, la compagnie continue à faire face à la volatilité du taux de change euro-dollar (avec l’application de l’IFRS 16), de la volatilité du prix du carburant et des implications du ‘Workers’ Rights Act’. La restructuration de la compagnie est entamée « avec ce qui peut l’être pour le moment, par exemple, le réseau, le renforcement du commercial et la réduction des coûts (sans toucher à la sécurité et au service) ». C’est ainsi que les deux Airbus A350 prévus le mois dernier ont été loués pour trois ans (à South African Airways NDLR) après le réaménagement du réseau. Ce développement, « dicté par les évolutions de la demande et donc de l’offre, a un impact sur la composition de notre flotte et c’est un nouveau plan de flotte pour soutenir le nouveau réseau qui sera désormais proposé pour validation par notre conseil d’administration ».

Les autres grands axes du rapport CAPA seront aussi soumis pour approbation bientôt – la mission de la compagnie nationale, la gouvernance, la nouvelle structure organisationnelle, la prise de participation dans l’écosystème de l’aviation, et d’autres reformes de fond pour rendre la compagnie plus performante. Le renforcement du bilan d’Air Mauritius « a déjà été enclenché avec l’entrée dans notre capital de AML, alors que notre entrée dans l’actionnariat de MDFP confirme notre stratégie pour une participation plus active dans l’écosystème de l’aviation ». La société PWC interviendra dans le sillage des premières validations « pour finaliser les besoins en financement du nouveau modèle économique et du nouveau plan ». « Une mobilisation de toutes énergies sera critique pour le déploiement du nouveau plan de la compagnie et à ce titre, le travail commencé avec la société ‘Great Place to Work’ devrait donner des pistes pour mener à bien la transformation de l’entreprise dans l’intérêt de nos clients, actionnaires et collaborateurs », conclut Air Mauritius.

Air Mauritius va un peu mieux – hors nouvelles normes 1 Air Journal

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