Boeing a annoncé la « démission » de son président et CEO Dennis Muilenburg avec effet immédiat, une conséquence attendue de la crise du 737 MAX et qui survient juste avant la suspension de la production du monocouloir remotorisé.

Après Kevin McAllister, président et CEO de la division Avions Commerciaux (BCA) qui avait « sauté » en octobre, Dennis Muilenburg est devenu le 23 décembre 2019 la deuxième tête de Boeing à tomber suite aux deux accidents mortels de 737 MAX en cinq mois, qui ont fait 346 victimes chez Lion Air et Ethiopian Airlines, entrainé l’immobilisation au sol depuis mars de tous les monocouloirs remotorisés entrés en service et arrêté les livraisons – plus à partir de début janvier la suspension de la production. Muilenburg, qui avait déjà perdu son titre de chairman, a démissionné « avec effet immédiat » selon le communiqué de Boeing. Il sera remplacé provisoirement par le directeur financier Greg Smith, puis définitivement le 13 janvier 2020 par David L. Calhoun (le temps que ce dernier mette fin à « tous ses engagements » en dehors de l’avionneur américain). M. Calhoun, nommé chairman en octobre, prendra les postes de Président et CEO de Boeing, et restera présent au Conseil d’administration (dont Lawrence W. Kellner devient chairman). Le constructeur précise dans son communiqué que le Conseil d’administration « a décidé qu’un changement de leadership était nécessaire pour rétablir la confiance dans l’avenir de la société, qui s’efforce de rétablir les relations avec les organismes de réglementation, les clients et tous les autres intervenants ». On notera par ailleurs la nomination au 1er janvier de Niel Golightly au poste de Senior VP Communications, l’ancien pilote de la Navy qui travaille chez FCA (Fiat Chrysler Automobiles) remplaçant d’Anne Toulouse « qui souhaite partir à la retraite ».

Sous la nouvelle direction de la société, Boeing fonctionnera avec un engagement renouvelé de transparence totale, y compris une communication efficace et proactive avec la FAA, d’autres régulateurs mondiaux et ses clients. “Au nom de l’ensemble du conseil d’administration, je suis heureux que Dave ait accepté de diriger Boeing à ce stade critique”, a déclaré M. Kellner. Il a ajouté: “Dave possède une expérience approfondie de l’industrie et un historique avéré de leadership solide, et il reconnaît les défis auxquels nous devons faire face. Le Conseil et moi-même attendons avec impatience de travailler avec lui et le reste des équipes de Boeing, pour s’assurer qu’aujourd’hui marque une nouvelle voie à suivre pour notre entreprise”. M. Calhoun a déclaré: “Je crois fermement en l’avenir de Boeing et du 737 MAX. Je suis honoré de diriger cette grande entreprise et les 150.000 employés dévoués qui travaillent dur pour créer l’avenir de l’aviation.”

Entré chez Boeing en 1985 à 21 ans comme stagiaire, Dennis Muilenburg en avait gravi tous les échelons pour prendre la tête de la division Defense & Space, puis prendre les rênes du groupe en 2016. Pris entre la crise du 737 MAX mais aussi le retard du programme 777X, il paye surtout une mauvaise communication suite aux deux accidents, semblant manquer d’empathie. Mais la gouvernance du constructeur n’est pas pour autant exempte de tout reproche : elle lui avait laissé en octobre dernier les titres de CEO et président, justement quand David Calhoun avait été nommé chairman. Ce dernier avait quand même déclaré début novembre que les divers bonus de M. Muilenburg, qui venait de passer deux jours d’auditions difficiles devant le Congrès, ne seront pas versés « avant que tous les MAX soient rentrés en service et volent de façon sûre ». Ce qui pourrait prendre jusqu’à 2021, ajoutait alors M. Calhoun…

L’action de Boeing a grimpé de 3% lundi après l’annonce du départ de Dennis Muilenburg. On retiendra aussi d’une journée de lundi très chargée l’annonce par Spirit Aerosystems de sa propre suspension de la production des fuselages de 737 à partir du 1er janvier, « à la demande de Boeing ». L’équipementier a précisé dans un communiqué : « étant donné que les revenus provenant de composants d’avion 737 représentent plus de 50% des revenus annuels de Spirit, cette suspension aura un impact négatif sur les activités, la situation financière, les résultats d’exploitation et les flux de trésorerie de Spirit », qui sera détaillé lors de la présentation des résultats annuels. Spirit « évalue toutes les actions potentielles pour aligner sa base de coûts sur des niveaux de production inférieurs attendus en 2020. Les décisions seront guidées par une concentration sur ce qui est le mieux pour les intérêts à long terme des actionnaires de Spirit et d’autres parties prenantes, y compris les employés »…

Crise du Boeing 737 MAX : Muilenburg tombe à son tour 1 Air Journal

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