Boeing a publié comme prévu de mauvaises statistiques commerciales pour l’année 2019, avec « -87 » commandes nettes et seulement 380 livraisons. La compagnie aérienne American Airlines a de nouveau reporté l’arrivée espérée de ses 737 MAX, à début juin, mais la low cost Ryanair espère soudain de premières livraisons dès avril. Le motoriste General Electric a annoncé des mesures de chômage technique pour 70 employés au Québec.

En 2019, le constructeur américain a enregistré -183 commandes nettes pour la famille 737, 26 pour la famille 767, -4 pour la famille 777, et 74 pour la famille 787 Dreamliner. Après annulations et conversions, Boeing a donc terminé l’année avec un backlog moins important qu’à la fin 2018 : 5406 avions restant à livrer, contre 5444 au début 2019.

La crise du 737 MAX est bien sûr responsable de la chute des livraisons l’année dernière à 380 avions, dont 127 monocouloirs 737, sept de la famille 747, 43 de la famille 767 (dont les ravitailleurs en vol), 45 de la famille 777 et 158 de la famille 787 Dreamliner. Ce total n’inclut pas les quelque 400 737 MAX assemblés mais pas livrés depuis la fin mars dernier, les monocouloirs remotorisés ayant été cloués au sol de par le monde après deux accidents en cinq mois qui ont fait 346 victimes chez Lion Air puis Ethiopian Airlines. Les résultats financiers annuels de Boeing seront publiés le 29 janvier ; on connaitra alors l’impact de cette crise.

Pour le seul mois de décembre 2019, Boeing affiche trois commandes : un 737 MAX pour la low cost Southwest Airlines, et un 787-8 et un 787-9 pour deux clients anonymes. Parmi les 35 avions livrés le mois dernier figurent 6 monocouloirs (cinq 737-800 dont quatre pour China Eastern Airlines, et un P-8A Poseidon pour l’US Navy), trois 767 (deux 767-300F pour FedEx Express, un ravitailleur 767-2C), cinq 777 (dont deux -300ER pour United Airlines et un pour Swiss)  et 21 787 Dreamliner (dont un 787-10 pour KLM, deux 787-9 pour Qatar Airways et un VIP).

A titre de comparaison, on rappellera qu’Airbus en 2019 affiche 768 commandes nettes et 863 livraisons, avec un backlog de 7482 avions commerciaux restant à livrer.

Boeing : commandes négatives, livraisons en chute en 2019 1 Air Journal

©Boeing

Côté clients, American Airlines a de nouveau reporté la remise en service de ses monocouloirs remotorisés : au lieu du 7 avril 2020 annoncé début décembre, elle table désormais sur le 4 juin prochain. Comme les précédents, son communiqué de mardi indique qu’elle reste « en contact permanent » avec la Federal Aviation Administration (FAA), le Department of Transportation (DoT) et Boeing ; et qu’une fois l’avion certifié, elle  effectuera « des vols uniquement pour les membres de l’équipe et des invités ». La compagnie de l’alliance Oneworld avait mis en service 24 des cent 737 MAX 8 commandés avant leur immobilisation au sol en mars dernier ; en novembre, l’Association du personnel de cabine professionnel (APFA) représentant ses hôtesses de l’air et stewards affirmait que les quelque 28.000 PNC « ont peur » du monocouloir remotorisé et comptent « refuser de voler dans un avion qui n’est pas sûr ». Son syndicat des pilotes APA (Allied Pilotes Association) se réserve toujours le droit d’aller en justice contre Boeing.

Rappelons que toujours aux USA, United Airlines a repoussé au 4 juin le retour sur son réseau des 737 MAX, tandis que la low cost Southwest s’en tenait encore mardi soir au 13 avril, tout comme Alaska Airlines  au 21 avril.

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©Ryanair

La surprise est venue de la low cost Ryanair, qui ses dernières semaines imaginait de passer l’été 2020 sans aucun monocouloir remotorisé : le directeur du marketing Kenny Jacobs a déclaré selon The Independent que la compagnie pensait désormais avoir « en mars ou en avril, plus probablement en avril » les premiers des 135 737 MAX 8-200 commandés fermes. Et cela « pourrait aller jusqu’à dix MAX » livrés avant l’été, a-t-il ajouté. Dans les plans initiaux de Ryanair, les premiers MAX devaient être basés à l’aéroport de Londres-Stansted à partir de mai 2019, et déployés vers des destinations telles que Ténériffe, Thessalonique, Alicante, Athènes, Bari, Brindisi, Dortmund, Madrid ou Palerme. Le dirigeant a toutefois rappelé que la mise en service des MAX dépendait entièrement de la FAA et du régulateur européen. Et qu’il est beaucoup trop tôt pour annoncer où ils voleront.

On retiendra enfin que GE Aviation (associé à Safran dans CFM international, qui produit les moteurs LEAP-1B des 737 MAX) a annoncé la mise au chômage technique de 70 intérimaires sur son site à Bromont au Québec, soit 13% de l’effectif. L’arrêt de la production des MAX est « un des facteurs » ayant conduit à la décision, mais GE Aviation souligne qu’aucun licenciement à grande échelle n’est dans les cartons ; « de petits ajustements » restent possibles, tout comme la suppression des heures supplémentaires ou la réduction du recours aux intérimaires. La crise du 737 MAX a déjà conduit le motoriste à déplacer des employés du programme LEAP.

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