L’Etat pourrait verser jusqu’à un milliard d’euros à Vinci Airports, pour rembourser les dépenses engagées avant l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes et compenser le manque à gagner du gestionnaire.

Deux ans après l’abandon tout aussi controversé que le projet d’aéroport du Grand-Ouest, Vinci a déposé début janvier 2020 un recours devant le Tribunal administratif de Nantes. Le montant de l’indemnisation réclamée, cité par une source de La Tribune concerne l’ensemble du contrat de concession de 55 ans accordé en 2011 pour le futur aéroport situé à Notre-Dame-des-Landes. Cette concession avait été officiellement résiliée en juin 2018, cinq mois après l’abandon du projet pourtant approuvé lors d’une consultation en 2016 par 55,17% des habitants de Loire-Atlantique.

Le milliard d’euros couvrirait les dépenses déjà engagées (études, travaux etc.) , « le produit de l’exploitation de Nantes-Atlantique et de Saint-Nazaire-Montoir (qui correspond aux bénéfices réalisés depuis dix ans et à l’augmentation de la valeur des actifs au cours de cette période) », et le manque à gagner pour l’exploitation future. Vinci souhaiterait régler cette situation avant fin 2021 et le début de la nouvelle concession à Nantes-Atlantique, qui sera décidée par un appel d’offre 44 ans donc avant la fin du contrat signé par l’Etat.

Si la somme parait cohérente selon le quotidien économique avec les 389 millions d’euros obtenus par ADP pour sa filiale TAV Airports, en compensation du manque à gagner dû à « l’expiration anticipée » de l’aéroport d’Istanbul-Atatürk (21 mois avant l’échéance du contrat), elle déclenche des hurlements du côté de l’Etat. Un rapport gouvernemental évoquait en 2017 une compensation maximale de 350 millions d’euros, trouvée un an plus tard « déraisonnable » par le Conseil d’Etat. « Il faut que Vinci retire quelques zéros », s’agace un proche du dossier dans La Tribune, tandis que Valérie Vesque-Jeancard, présidente d’AGO (Aéroport du Grand Ouest, filiale de Vinci en charge de NDDL) souligne : « l’État a décidé de l’abandon du projet Notre-Dame-des-Landes, de la résiliation du contrat de concession, maintenant, il faut qu’une discussion entre les parties s’engage » Avant d’ajouter « Ce à quoi nous voulons arriver, c’est vraiment à une solution concertée. C’est dans l’intérêt de tous ».

La dirigeante d’AGO a rappelé au passage dans le quotidien avoir été « exemplaire dans l’exécution de notre mission depuis 10 ans », aussi bien à Nantes-Atlantique qu’à Saint-Nazaire-Montoir. Le trafic a atteint 7,2 millions de passagers en 2019, « contre 3 millions lorsque l’on a repris l’aéroport. Nous avons pu faire venir beaucoup de compagnies aériennes qui nous ont fait confiance pour servir les besoins de mobilité des habitants et les entreprises, pour soutenir l’attractivité du territoire. Nous sommes très investis, et en dépit des décisions prises, qui mettent un terme anticipé à notre contrat de concession, nous sommes toujours aussi dynamiques et engagés pour le développement du territoire ». Façon de dire que si la nouvelle concession va à Vinci, des zéros pourraient disparaitre ?

Abandon de NDDL : un milliard pour Vinci ? 1 Air Journal

@VINCI Airports/AGO – H. Brunner