OAG estime que 2 millions de sièges vont disparaître en un mois du ciel transatlantique en raison de la fermeture de la frontière américaine à la plupart des voyageurs européens. Le SNPL exhorte le gouvernement à venir en aide au groupe Air France, et promet la solidarité des pilotes.

On n’en finit pas d’essayer de mesure l’impact de la décision surprise du président Donald Trump de bloquer à partir de ce 13 mars 2020 à minuit et pour 30 jours l’entrée des voyageurs non-américains « s’étant rendu dans les pays de l’espace Schengen lors des 14 jours précédant la date programmée de leur arrivée » (les restrictions d’entrée ne concernent pas les personnes disposant d’un titre de résidence permanente aux Etats-Unis, ni les parents de citoyens américains). Selon une étude d’OAG publiée jeudi pour les quatre prochaines semaines, les compagnies aériennes vont réduire de près de 2 millions de sièges leur offre transatlantique, 10,9% de tous les vols internationaux, et 16,9% des sièges prévus entre les Etats-Unis et Schengen devraient être touchés par l’interdiction de voyager. L’interdiction de voyager aura « des implications de grande portée pour l’industrie aéronautique mondiale », selon OAG, qui estime à 6747 vols l’impact de la décision de Washington.

En ce qui concerne la capacité prévue pour avril 2020, il y avait jeudi 13.169 vols aller simple réguliers de l’Europe vers les États-Unis, y compris depuis le Royaume-Uni. Les pays avec le plus de vol réguliers sont le Royaume-Uni (4121 vols), l’Allemagne (1741 vols), la France (1570 vols), les Pays-Bas (1212 vols) et l’Espagne (851 vols).

Toujours selon cette étude, Delta Air Lines et United Airlines seront les transporteurs américains les plus touchés : ensemble, ils représentent 31% des vols concernés. Lufthansa est la compagnie aérienne européenne la plus affectée (13%). Les pays européens les plus touchés sans surprise sont l’Allemagne, la France et les Pays-Bas, où sont opérés 57% de tous les vols entre l’espace Schengen et les États-Unis. Covid-19 « a causé la plus grande perturbation de l’histoire du transport aérien. La situation est extrêmement fluide, avec des restrictions de voyage, la capacité et les horaires des compagnies aériennes changent chaque jour », a déclaré John Grant, analyste principal de l’aviation chez OAG ; « Attendez-vous à un nombre important d’annulations de transporteurs américains et européens dans les prochains jours ».

Ce pessimisme transparait dans un communiqué du syndicat de pilotes SNPL, suite à une rencontre de l’ensemble des organisations syndicales du groupe Air France avec la Directrice générale Anne Rigail « pour prendre connaissance du plan d’action concernant l’épidémie virale Covid-19 ». La restriction de voyage vers les USA « crée une nouvelle iniquité insupportable entre Air France et certains de nos principaux concurrents », affirme le syndicat sans citer British Airways ou Aer Lingus (dont les pays ne sont pas concernés). « Dans ce contexte », le SNPL Air France-Transavia France tient à rappeler que la compagnie française « subit un important déficit de compétitivité dû aux charges et taxes pesant sur le Transport Aérien Français (comme démontré dans le rapport de M. Bruno Leroux). De ce fait, nous exhortons le gouvernement français à mettre un terme à cette fiscalité destructrice dans le secteur de l’aérien et à agir rapidement pour permettre à notre compagnie de préserver ses finances ». L’Etat français, actionnaire du groupe Air France-KLM, « doit se montrer à la hauteur de la situation. Il doit apporter toute son aide à notre compagnie en adoptant des mesures exceptionnelles. Les enjeux sont immenses, à la fois pour le secteur de l’aéronautique et le tourisme mais aussi, d’une façon plus générale, pour l’image de la France dans le monde », poursuit le syndicat.

Et ça va mieux en le disant : « dans ce contexte préoccupant, tous les personnels de l’entreprise — pilotes, navigants commerciaux et personnels sol — devront se montrer soudés et solidaires. Les prochains jours, les prochaines semaines s’annoncent difficiles pour le groupe, mais nul doute que nous saurons collectivement faire face à cette épreuve et retrouver le chemin de la croissance. Les directions d’Air France et de Transavia France peuvent compter sur les pilotes, preuve en est l’accord signé mardi 10 mars permettant des mesures exceptionnelles prises dans le cadre de la crise du Covid-19 ». Les pilotes d’Air France et de Transavia France « continueront à se montrer disponibles et réactifs de manière à sauvegarder pendant toute la durée de cette crise le maximum de l’activité d’Air France et de sa filiale Transavia France », conclut le SNPL.

Coronavirus : OAG déprimant, SNPL exhortant 1 Air Journal

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